Bois-aux-Renards, entre polar et fantastique

Quelque part dans la France d’avant…

En 1951, un accident de voiture stupide tue une famille, à l’exception d’une petite fille estropiée, retrouvée par trois hommes étranges. Ils décident de confier la petite Chloé à Hermione, leur guérisseuse. Trente ans plus tard, tout a changé.

« Les hypermarchés s’apparentaient à un champ de bataille en temps de paix, un pugilat en bermuda et en sandales. La débauche d’achats, c’était la version moderne des effusions de sang en temps de guerre. Tous les excès avaient des similitudes de frères, voilà ce que pensait Yves Beltrand en observant les clients sur le vaste parking sans horizon. »

En 1986, Yves et Bernadette écument les routes lors de leurs vacances. Ils ont besoin de se distraire, surtout depuis la mort de leur fils Romain, et les voilà devenus tueur en série, recherchant des jeunes filles sans défense, des auto-stoppeuses. Car seule la mort calme Bernadette et permet à leur couple de revivre. Seulement, la jeune Anna est témoin de leur dernier crime. Ils la poursuivent et se retrouvent dans une zone rurale un peu sauvage. Anna est recueillie paru une femme, belle et boiteuse, s’appelant Chloé. Yves et Bernadette, après avoir tué la jeune Marjolaine, une attardée qui se trouvait là, arrivent dans une communauté étrange, dirigé par Admète et la guérisseuse Hermione (tiens donc). Hermione soigne les blessures de Bernadette qui sombre bientôt dans la catatonie, au grand désespoir d’Yves qui sent un piège se refermer sur eux.

Un roman magistral

BoisauxRenards tient à la fois du roman noir et du fantastique, deux genres antithétiques et pourtant ça marche. Antoine Chainas commence dans le pur roman policier et glisse petit à petit vers l’étrange avec une maestria impeccable. On se demande vraiment comment il fait, la construction des personnages est ainsi impeccable. On savoure aussi certains jugements formulés par Yves, un des principaux narrateurs. Il estime par exemple que la décentralisation est idéale pour les tueurs en série car l’information policière n’est plus centralisée… On avait lu Pur et Empire des chimères (Gallimard, 2018) avec beaucoup d’intérêt. Mais cela ne se compare à Bois-aux-Renards. J’ai personnellement tardé avant de le lire et je le regrette, car c’est un chef d’œuvre.

Ne faites pas comme moi et lisez ce livre tout de suite (vous pouvez même le relire) !

Sylvain Bonnet

Antoine Chainas, Bois-aux-Renards, Gallimard « La Noire », janvier 2023, 528 pages, 21 euros

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