Parker Bilal et Les divinités, cauchemar londonien

Un auteur de polars multiculturels

Derrière le pseudonyme de Parker Bilal se cache Jamal Mahjoub. C’est un auteur anglais d’origine soudanaise qui a vécu en Europe et en Afrique. On lui doit plusieurs romans non policiers publiés chez Actes Sud, comme Le Train des sables ou Là d’où je viens. Il s’est lancé dans le polar avec la série « Makana », centré sur un privé soudanais qui a du mal à s’intégrer au Caire, commencé avec Les Ecailles d’or (Seuil, 2015) et terminée avec La Cité des chacals (Gallimard, 2020). Bilal base ses intrigues sur des personnages métissés, dotés de plusieurs identités qui se chevauchent. Les Divinités est le premier volume de sa nouvelle série policière, publié chez Gallimard.  

Londres dans tous ses états  

De nos jours à Londres, sur un site de construction immobilière, un gardien d’origine kurde découvre au fond d’un trou deux corps ensevelis sous un monceau de pierres, une femme et un homme. La femme est l’épouse d’Howard Thwaite, le promoteur à l’origine du site et l’homme est un collectionneur d’art franco-japonais. On appelle la police :

Drake n’avait jamais entendu parler des Magnolia Quays et ignorait où cela se trouvait. En fait, il s’agissait d’un projet immobilier situé à hauteur d’un méandre de la Tamise, le long de York Road à Battersea, côté nord du Wandsworth Bridge. En arrivant sur les lieux, il constata que le quartier avait subi la même vague de constructions qui transformait tous les coins et recoins de la ville. En lieu et place de vieux entrepôts et des aires de stockage se dressaient des palissades en contreplaqué. 

Le policier Khal Drake est chargé de l’enquête. Issu de la cité de de Freetown, musulman et ancien militaire, Drake a été rétrogradé il y a quelques années après une enquête qui s’est mal passée. Il n’a plus droit à l’erreur. On lui adjoint une psy, Ray Crane, à moitié iranienne. Pour elle, il s’agit d’un meurtre commis dans le cadre de la charia : une lapidation. À Freetown, la mosquée vient d’ailleurs de brûler. Drake et Crane vont passer quelques nuits blanches…  

Un polar actuel

Les Divinités parle de l’Angleterre d’aujourd’hui. Une société d’apparence multiculturelle traversée par de nombreuses tensions ethniques, particulièrement dans cette métropole mondialisée qu’est Londres. L’auteur a choisi des personnages métissés, à l’instar de ses précédents romans, sans doute pour traiter du problème de leur intégration (surtout pour Drake) dans une société sous tension. Le lecteur est pris par l’intrigue et dévore littéralement le roman, avec une fin astucieuse. L’amateur de polar trouvera dans Les divinités de Parker Bilal de quoi se sustenter.  

Sylvain Bonnet

Parker Bilal, Les Divinités, traduit de l’anglais par Philippe Loubat-Delranc, Gallimard « série noire », février 2021, 464 pages, 22 eur

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