Une désolation nommée paix, un sommet de l’hermétisme

Penser… Pas langage. Ne pas penser langage. Penser, nous, et ne pas avoir de son lingual ou de cri pour les profondeurs cristallines. S’être débarrassé des sons linguaux là où ils ne convenaient pas. Penser en tant que personne et non comme une voix exigeante, comme une bête affamée aux yeux vides, comme pense un enfant, lui qui n’a d’autre compagnie que son propre moi et les cris de sa bouche. 

De Byzance à la science-fiction

Arkady Martine est le pseudonyme d’une historienne de Byzance, Anna Linden Weller. Elle a publié un dyptique, Teixcalaan, dont le premier volume, Un souvenir nommé Empire, a remporté le prix Hugo en 2020. On y avait découvert une ambassadrice d’une station spatiale, Lsel, Mahit Dzmare, envoyé représenter sa patrie dans l’empire Teixcalaanli. Elle y a découvert comment son prédécesseur Yksandr avait été assassiné suite aux manigances de l’empereur qui voulait devenir immortel. Pour cela, il voulait avoir recours à une technologie de Lsel, consistant à copier sa personnalité (Mahit a ainsi hérité de la personnalité d’Yksandr), avant de transférer sa personnalité dans son clone (ce qu’il a fait).

Ça s’est terminé par son élimination (c’est plus simple) et son remplacement par Dix-neuf Herminette (les prénoms sont baroques dans cet empire). Mais quelque chose menace l’empire…

Sauver l’Empire ?

Voici qu’une force d’invasion alien se masse aux portes de l’espace Teixcalaanli. A la tête d’une flotte importante, la commandante Neuf Hibiscus choisit l’option diplomatique. C’est pourquoi on rappelle Mahit Dzmare, l’ambassadrice de la station Lsel, flanquée de Trois Posidonie, son ex-chargée de liaison et bientôt amante, pour communiquer avec cette entité hostile. Leur échec se traduirait par des millions de morts, leur succès garantirait la survie de l’Empire.

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Une désolation nommée paix, roman très compliqué (sans compter que les noms des personnages frisent le ridicule) a obtenu le prix locus 2022. On s’interroge sur les raisons qui ont pu amener à décerner ce prix : l’herbe fumée par les jurés était-elle de bonne qualité ? Les amateurs de « nouveau space opera » apprécieront ce roman-remue-méninges. Aux autres, je conseille de relire Dune.

Sylvain Bonnet

Arkady Martine, Une désolation nommée paix, traduit de l’anglais par Gilles Goullet, J’ai lu, « nouveaux millénaires », septembre 2021, 512 pages, 23 euros

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