Le monde confisqué, un capitalisme régressif

Economiste et historien, auteur de Les savoirs perdus de l’économie, contribution à l’équilibre du vivant (Gallimard, 2023), Arnaud Orain publie cette année un essai original, Le monde confisqué, essai sur le capitalisme de la finitude, qui jette un regard éclairant sur la période actuelle.

Le capitalisme sans le libéralisme

Des générations d’étudiants, dont je suis, ont longtemps assimilé le capitalisme et le libéralisme (encore plus avec sa version néo). Or, Arnaud Orain démontre que non, le capitalisme a précédé le libéralisme. Surtout, il est en train petit à petit de connaître un retour en arrière. S’est imposé ces dernières décennies l’idée d’un monde « fini », aux ressources limitées. Or, si les ressources sont limitées, le commerce l’est aussi : il n’y en aura pas pour tout le monde. Cette conception a déjà existé aux XVIIe et XVIIIe siècles, au moment où l’Europe a commencé à exploiter la planète à l’aide de grandes compagnies commerciales, certaines se comportant comme des états : on pense à la VOC néerlandaise ou à la compagnie des Indes occidentales, avec ses systèmes d’entrepôts et ses flottes commerciales. Cela ne vous rappelle rien ? La Chine fait ça. Et le système d’entrepôts ne rappelle rien moins qu’Amazon…

Un monde dangereux

Ce capitalisme de la finitude, décrit par Arnaud Orain, est agressif et source de dangers. Le XVIIIe siècle a ainsi vu la France et l’Angleterre s’affronter pour la domination mondiale. L’expansion coloniale de la fin du XIXe siècle et l’exacerbation des rivalités a mené à la Grande guerre (mais il y avait d’autres causes). En tout cas, Arnaud Orain a raison de pointer les similitudes entre les périodes. La course aux ressources naturelles est devenue par exemple une obsession de Trump, qui explique sa volonté d’annexer le Groenland ou son discours sur les minerais ukrainiens. Comment tout cela se terminera-t-il ? Et que fera l’Europe ?

Un essai pour réflechir.

Sylvain Bonnet

Arnaud Orain, Le monde confisqué, Flammarion « Le présent de l’histoire », janvier 2025, 368 pages, 23,90 euros

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