Thomas Jefferson, l’homme de la déclaration d’indépendance

Journaliste spécialiste des questions de défense, auteur d’une biographie de La Fayette (Fayard, 2019) qui avait reçu le prix du nouveau cercle de l’union en 2020, Laurent Zecchini revient ici avec une biographie du troisième président des Etats-Unis, Thomas Jefferson, également auteur de la Déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776.

Révolutionnaire, ambassadeur, président

Drôle de destin que celui de Thomas Jefferson. Il naît en 1742 et commence sa vie comme planteur de tabac (et donc propriétaire d’esclaves) relativement impécunieux. Surtout, Jefferson est un intellectuel, un homme des Lumières, curieux de tout. Lecteur des Philosophes, il est donc le principal rédacteur de la déclaration d’indépendance, texte d’une portée considérable puisqu’il va inspirer une dizaine d’années plus tard la déclaration des droits de l’homme de 1789, au moment où Jefferson est ambassadeur à Paris. Laurent Zecchini montre le rôle discret mais certain qu’il joue, ouvrant sa demeure à ses amis français (La Fayette mais aussi Lameth et Mounier) pour des discussions très politiques. Il repart en Amérique, bientôt horrifié du dérapage de la Révolution Française qui touche ses amis et a aussi un impact clivant sur l’opinion publique aux Etats-Unis. L’opinion américaine se divise, le Congrès proclame la neutralité et bientôt c’est le temps de la « Quasi-guerre ». Devenu président, Jefferson rétablit de bonnes relations et réussit un coup de maître en achetant la Louisiane à Napoléon : les Etats-Unis deviennent là une puissance continentale, base de leur future puissance.

Les ambigüités d’une vie

Francophile, aimable, architecte, homme des Lumières, Jefferson laisse une trace indélébile dans l’histoire états-unienne. Mais l’homme de 1776 est aussi un virginien, un homme du Sud, un propriétaire d’esclaves. Or, s’il montre dans sa jeunesse des velléités émancipatrices, Jefferson reste un homme de son époque. Sa correspondance abonde en remarques racistes sur les noirs américains. Veuf jeune, voyant un seul de ses enfants, sa fille Martha, vivre et se marier, Jefferson ne se remarie pas. Des rumeurs courent dans la presse sur sa relation avec une jeune esclave métis, Sally Hemings, auquel il ne répondra jamais. Les études génétiques ont montré que les enfants de cette femme étaient bien ceux de Jefferson. La nature de leur relation (amoureuse ? Forcée ?) ne sera jamais éclaircie et jette une ombre sur la vie d’un homme aussi important. La nature humaine est bien complexe… et cette biographie réussie le montre bien.

Sylvain Bonnet

Laurent Zecchini, Thomas Jefferson, Perrin, janvier 2025, 352 pages, 24 euros

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