Les kamikazés japonais, derniers écrits
Un spécialiste du Japon
Professeur à l’université Musashi de Tokyo, Christian Kessler est un spécialiste de l’histoire de l’archipel nippon et a beaucoup écrit sur les kamikazés japonais : on lui doit ainsi la traduction des mémoires de Ryujo Nagatsuka, J’étais un kamikaze (Perrin, 2021). On a toujours eu du mal en Occident à comprendre ces hommes prêts au suicide pour sauver leur pays et qui écrasaient leurs avions sur les navires et les porte-avions américains…
Des corps spéciaux d’assaut
Les kamikazés sont en fait issus d’un corps spécial créé en 1944, les tokubetsu–kogekl–tai, alors que la guerre est déjà perdue pour le Japon tant la suprématie matérielle américaine est écrasante. Le but est de former des pilotes d’avions et aussi de torpilleurs, chargés donc de se sacrifier. Leur particularité est qu’ils sont autorisés à écrire à leurs familles des lettres d’adieux à leurs familles. Christian Kessler en a ici rassemblé une centaine, souvent écrites par de très jeunes hommes.
Prêts au sacrifice ?
Christian Kessler pose bien sûr la question de la sincérité de ces lettres, souvent convenues, écrites avec un vocabulaire qui correspond au discours officiel. Mais on sent des inflexions, des tonalités différentes ici et là, malgré une censure omniprésente. On découvre avec ce livre que certains kamikazés n’étaient pas d’accord avec la politique jusqu’au-boutiste du gouvernement de Tokyo : ils se sacrifiaient cependant pour leur pays. Christian Kessler trace d’ailleurs un parallèle avec le comportement de certains combattants du IIIe Reich en 1945… L’objectif de ces lettres est aussi pour eux de partir en paix avec leurs proches. Ces lettres, étonnantes pour un lecteur occidental du XXIe siècle, sont aussi émouvantes et constituent un avertissement : plus jamais ça…
Sylvain Bonnet
Christian Kessler, avec le concours d’Émilie Champmont, Les Kamikazé japonais, leur histoire, leurs ultimes écrits, Perrin, août 2024, 400 pages, 23 euros