Framboise : Dorléac, la petite fiancée du cinéma français

Journaliste, critique de cinéma, Aurélien Ferenczi a notamment travaillé pour le Télérama. Il publie ces jours-ci un ouvrage sur une actrice du siècle dernier, Françoise Dorléac, morte en 1967 dans un accident de voiture. Sa carrière météorique et son apparition d’anthologie aux côtés de sa sœur Catherine Deneuve dans Les demoiselles de Rochefort cachent une personnalité complexe.

Une femme des années soixante

Elle était (sublimement) belle, douée, attachante. Elle avait certainement tout pour elle. Pourtant, du portrait livré par Aurélien Ferenczi, on découvre une femme insatisfaite, qui doute beaucoup d’elle-même. Comme beaucoup de femmes jolies, Françoise Dorléac se trouvait moche, avait des complexes, un mystère qui laisse rêveur. Fille de comédiens, elle fait enfant du doublage et décroche ses premiers rôles à dix-sept ans, profitant de l’appel d’air créé par les débuts de la Nouvelle Vague. Elle tourne beaucoup, fait la fête, séduit les hommes et enchaîne les histoires d’amour. A la recherche de l’homme idéal, Dorléac s’amuse et rate peut-être une grande histoire avec Jean-Pierre Cassel. Et surtout elle tourne, à côté du film de Demy, trois films qui marquent encore les rangs (clairsemés) des cinéphiles.

Trois films pour se souvenir d’elle

Tout d’abord L’homme de Rio de Philippe de Broca, où elle a comme partenaire Belmondo qui passe son temps à la poursuivre dans un Brésil de bande dessinée. Elle y est drôle, insouciante, proche de la femme qu’elle était et n’hésite pas à danser dans un favela face à Bébél médusé. Ensuite, il y a La peau douce de François Truffaut où elle incarne une hôtesse de l’air qui devient la maîtresse d’un homme plus âgé. Truffaut tombe amoureux d’elle (évidemment) et son film est une sourde méditation sur l’adultère. Echec commercial et chef d’œuvre. Enfin Cul-de-sac de Polanski, conte noir où elle dévoile son corps : la nudité à l’époque choquait encore. Elle vit entre Paris et Londres, tourne des films hollywoodiens, amorce d’une carrière internationale et puis il y a l’accident…

Au fond, comme le souligne Aurélien Ferenczi, Dorléac ne jouait qu’elle-même et comme la caméra l’aimait et la magnifiait… Femme libre, peut-être en avance sur son temps, elle incarne, j’en suis d’accord avec l’auteur, une insouciance charmante, qui n’exclut pas la gravité.

Voyez les films de Françoise Dorléac !

Sylvain Bonnet

Aurélien Ferenczi, Framboise – quelques hypothèses sur Françoise Dorléac, Actes sud/Institut Lumière, mai 2024, 176 pages, 17 euros

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