Avicenne, un philosophe en Islam

Une figure célèbre

Avicenne est certainement avec Averroès un des philosophes musulmans les plus connus en Occident depuis la période médiévale, en raison de leurs travaux concernant Aristote en particulier. Docteur en philosophie, un temps affecté à la Grande Mosquée de Paris, Omar Merzoug est l’auteur d’Existe-t-il une philosophie islamique (Les cahiers de l’islam, 2014) et consacre ici à Avicenne une biographie assez réussie comme on va le voir.

Un médecin devenu philosophe

Avicenne, de son vrai nom Ibn Sînâ, est né en 980 à Afshana, une cité située dans l’Ouzbékistan actuel au carrefour des courants de l’islam : sunnites, chiites et ismaéliens. Et puis il y a les Turcs, d’abords employés par les émirs locaux comme mercenaires mais qui ne tardent pas à devenir des acteurs politiques. Avicenne étudie d’abord la médecine, se basant sur les enseignements de Galien et devient un savant renommé (il sera d’ailleurs connu en Europe d’abord pour ses ouvrages médicaux). Puis il se passionne pour la philosophie grecque. Au XIe siècle, le monde musulman connaît un âge d’or intellectuel, basé en partie sur les traductions des grands penseurs grecs confrontés au Coran et à la foi musulmane. Le but d’Avicenne était simple : enraciner la logique et la raison dans l’Islam.

Face aux théologiens

Il est évident qu’Avicenne était un croyant. Il fut pourtant dépeint comme un hérétique par ses adversaires, partisans d’une lecture stricte de l’Islam et pour lesquels tout est contenu dans le Coran. De plus, Avicenne ne fut pas un savant éloigné du monde et fut un temps vizir de l’émir Shams. Il représentait un danger pour les théologiens et autres docteurs  de la foi et fut emprisonné. On l’accusa de libertinage et d’athéisme pour avoir défendu Aristote. En lisant cette partie de la biographie, on pense au personnage de Guillaume de Baskerville dans Le nom de la Rose d’Umberto Eco (et magnifiquement interprété par Sean Connery dans le film éponyme). Voici une biographie passionnante sur une figure encore controversée dans certains cercles de l’Islam.  

Sylvain Bonnet

Omar Merzoug, Avicenne ou l’islam des lumières, Flammarion, mars 2021, 416 pages, 25 euros

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