Guerres et batailles de l’époque moderne, la lente évolution de l’art militaire

Professeur des universités en histoire moderne à Cergy Paris Université, François Pernot a ici l’ambition de raconter une histoire de la guerre à l’époque moderne, de Marignan à Yorktown, incluant des conflits moins bien connus comme en Baltique au début du XVIIIe siècle entre Suède et Russie. D’autres historiens, comme par exemple Farid El Hage, s’intéressent à la période. Quel est l’originalité du travail de Pernot ?

L’évolution technologique et culturelle

Les conflits abondent durant la période : guerres de religion, guerre de trente ans, guerre de Hollande, guerre de succession d’Espagne, guerre de succession d’Autriche, guerre de sept ans, guerre de l’indépendance américaine, pour ne citer que les principaux. Les progrès techniques sont considérables, particulièrement au niveau de l’artillerie. Changent-ils pour autant la guerre en elle-même ? Le XVIIIe siècle est le moment d’un grand débat entre les tenants de l’ordre mince et ceux de l’ordre profond alors que la victoire française de Fontenoy marque le triomphe de la coordination des trois armes (cavalerie, infanterie, artillerie). Culturellement, l’Europe cherche à se pacifier et à sortir des cycles de guerre par des équilibres durables : sans lendemain.

Différentes façons de faire la guerre

En fait tout dépend des objectifs et des ressources pour maintenir l’effort de guerre. Charles XII de Suède démontre son génie tactique en gagnant de nombreuses batailles contre Pierre le Grand mais ce dernier gagne grâce à sa ténacité et au fait qu’il a beaucoup plus de ressources que son adversaire. Les jeunes États-Unis réussissent à gagner leur indépendance grâce à l’alliance française mais aussi parce que Londres renonce au coût économique d’un effort de guerre prolongé outre-Atlantique. La Prusse de Frédéric II aurait pu tout perdre, malgré des victoires indéniables contre les français et les autrichiens, durant la guerre de sept ans et c’est la Russie de Pierre III qui, en se retirant du conflit, lui sauve la mise. La bataille décisive, si chère à l’armée allemande du début du XXe siècle, reste rare. Pour notre historien, pas de révolution dans l’art de la guerre donc. Pourquoi pas.

Sylvain Bonnet

François Pernot, Guerres et batailles à l’époque moderne, Perrin, février 2024, 400 pages, 24 euros

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