Le Voyageur, voir la Joconde sous un nouveau jour

Théa Rojzman est une véritable touche à tout, même si elle se concentre depuis quelques années sur l’écriture de scénarios. Avec Le Voyageur on cerne son âme de poète, qui navigue d’histoires en maison d’éditions. Il parait curieux que ce ne soit pas le dessinateur qui quant à lui a vraiment l’âme d’un voyageur qui lui ai insufflé l’idée de ce roman graphique.

Et pourquoi la peinture ne serait-elle pas initiatique ?

Ma sœur n’est pas la joconde. Elle est juste le modèle de départ, juste une bourgeoise florentine dont l’époux voulait le portrait.

Patoche, comme l’appelle ses collègues, est un homme aigri. Il travaille pourtant dans le plus beau musée du monde, le Louvre. Mais entre sa vie monacale chez sa vieille mère et la lassitude de voir les touristes à longueur de journée, rien n’égaie ses journées. Rien sauf peut-être Geneviève, celle que ses collègues appellent la moche de la billetterie.

Une journée de plus s’égrène à écouter le public s’extasier, entendre les guides réciter leurs textes et lui n’a d’utilité que donner des consignes. Tout à coup il entend une voix qui lui parle, il se rapproche du chef d’œuvre de Leonard de Vinci. C’est bien Mona Lisa qui lui parle et l’invite à la rejoindre. Et il se retrouve propulsé instantanément à l’intérieur du tableau.

Il vole et atterrit aux côtés de Mona Lisa en pleine nature, l’Italie de la Renaissance s’offre à ses yeux. C’est parti pour une aventure incroyable mais n’hallucine pas-t-il ? En tout cas sa vie en sera chamboulée.

l’invraisemblable richesse de la Joconde

Les auteurs prennent un malin plaisir à nous montrer l’invraisemblable richesse de la Joconde. Ils nous poussent aussi, comme le personnage principal, à réfléchir à notre vie. Le quotidien occulte certaines évidences, de notre vie professionnelle et personnelle. Faisons-nous réellement les choix attendus par notre entourage ou prenons-nous nos propres décisions ?

Sous cette apparente légèreté Joël Allessandra compose une symphonie de couleurs. Le bleu intense comme couleur unique sur certaines pages pour évoquer la mélancolie du quotidien. Les couleurs ocres, pastels et éclairantes pour témoigner du bonheur de vivre et de s’extasier.

Le Voyageur est un joli conte aquarellé avec beaucoup de grâce, une lecture douce, positive et spirituelle.

Xavier de La Verrie

Théa Rojzman (scénariste), Joël Allessandra (dessinateur), Le Voyageur, Daniel Maghen, mars 2023, 150 pages, 26 euros

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