Barbaric tome 1, crimes étripables

Reprenant la figure dorénavant classique du barbare inaugurée par Robert E. Howard, Barbaric en propose une variation très séduisante, et non politiquement correct. Et si, bien malgré lui, le barbare était condamné à faire le bien ? C’est ce que propose Barbaric, dont le premier tome annonce la couleur : Crimes étripables, entendu crime qui mérite la peine de mort par éventration.

Barbare maudit

Owen est un barbare heureux. Sa vie se résume à tuer, baiser et boire. Mais sa route route croise trois sorcières qui lui proposent de devenir leur pion dans un plan si vaste qu’il n’en saura rien, ou d’aller griller en enfer. Mais faire le bien, pour un barbare, quelle purge !

L’inspiration de Robert E. Howard est évidente : un mélange de Conan — l’archétype du barbare — et de Solomon Kane. Mais un mélange parfaitement jouissif. Voilà donc l’archétype de la violence embarqué dans une quête de paladin. Il est armé d’une hache mythique et enchantée, qui a sa conscience propre, la langue bien pendue, et se gorge du sang des victimes. Petit clin d’œil à Michael Moorcock et à son personnage Elric doté de l’épée maudite Stormbringer, d’autant qu’Owen va vite croiser la route de Soren, une nécromancienne. Malgré son aversion pour les sorcières, un duo se forme, encore une revisite du classique barbare-magicienne, les coups de hache et les sorts vont s’enchaîner au grand dam des noobs qui vont finir en bouilli.

Et comme il la sauve d’une pendaison promise par des braves gens, les voilà tous les deux partis pour des aventures sanglantes qui vont les conduire d’abord dans l’église où Soren a grandi et auprès du prêtre dont elle espère le soutien. Les, les lieux sont envahis de démons et… bien d’autres surprises les attendent dans les tréfonds devenus infernaux… au plus grand plaisir de Hache qui semble incontrôlable dans sa soif de sang.

Barbare moderne

Nourri donc de nombreuses références, Barbaric est cependant très moderne et très politique. Moderne par la langage, très cru et très drôle à la fois, qui fait la part belle au naturel, même quand Owen recardé un démon d’un simple « vas chier ». Beaucoup de vannes, et d’autodérision, dans les rapport entre Owen et Hache, mais aussi dans la narration et dans les relations entre Owen et Soren. Et beaucoup de petites phrases qui font du barbare un être sensible, et en lutte contre certaines réalités de son époque, et de la nôtre, au premier rang desquels les fanatiques religieux.

Barbaric est porté par des dessins — très rouges… — d’une vraie force et d’un vrai dynamisme, accentué par la disposition sur la page. Dans les détails et les compositions plus larges, dans les mimiques et la diversités des monstres et leurs trognes, tout est en place pour ravir les arpenteurs de donjons !

Le premier tome très énergique de Barbaric permet de présenter les personnages, leur histoire propre et la manière dont ils vont vivre l’épopée qui leur est promise. Épopée sanglante et drôle s’il en est. Et autant de promesses jubilatoires à venir dans les prochains tomes attendus avec impatience !

Loïc Di Stefano

Michael Moreci (scénario), Nathan Gooden (dessin), Addison Duke (couleur), Barbaric tome 1, Crimes étripables, traduit de l’anglais (USA) par Julien di Giacomo, Urban comics, juillet 2024, 104 pages, 10 euros (prix de lancement)

Lire les premières pages.

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