Justice League of America, tome 4 – Troisième Guerre mondiale
Justice League of America, tome 4 présente les derniers épisodes de Grant Morrison sur la série qui l’a fait connaître du grand public. Une fin de cycle en demi-teinte, la faute à des scénarios un peu plus confus qu’à l’accoutumée.
Et si la Terre était menacée par les créatures de la 5ème dimension ?
Un ancien membre oublié de la Ligue de Justice, Triumph, est contacté par un génie. LKZ propose à Triumph son aide pour se venger de la nouvelle équipe de super-héros. Il rend ses pouvoirs à Triumph et la ville de Keystone City ne tarde pas à sombrer dans le chaos. À la Tour de garde, la JLA comprend que cette invasion de la 5ème dimension corrobore les prédictions de Hourman. L’heure est grave. Jay Garrick, le Flash de l’Âge d’or, rappelle donc ses anciens compagnons de la JSA. Et Zauriel est appelé au Paradis pour libérer le corps du Spectre d’un énorme roc…
Grant Morrison à la rescousse de la Justice League of America
Quand il reprend la série JLA en 1997, Grant Morrison transforme une série moribonde en un titre phare de l’éditeur DC Comics. Mieux : il le fait sans renoncer à certaines exigences. Avec un infini respect de l’histoire du groupe, Morrison met en scène les super-héros iconiques dans des sagas trépidantes et pleines de rebondissements. Mais la grande force du travail de Morrison, c’est aussi d’avoir doublé ses intrigues d’une certaine dose de réflexion. Dans une moindre mesure, Howard Porter, le dessinateur, a lui aussi contribué au succès de la série. Même si son dessin est inégal (dès qu’il manque d’espace, son style est beaucoup moins puissant), le trait de Porter colle bien à l’esprit des scénarios de Morrison, surtout quand ils versent dans l’action démesurée.
Fin de cycle
Généralement, Grant Morrison cisèle des dialogues et des intrigues fluides. Seulement voilà, sur ces épisodes de Justice League of America, tome 4, son travail se fait moins constant. Trop d’intrigues, trop de personnages, la série s’essouffle un peu. Jusque-là, les enchaînements narratifs étaient fluides et logiques, ils deviennent ici plus confus. Grant Morrison emballe toujours ses épisodes avec un sens certain du rythme, mais il faut bien avouer qu’on ressent parfois une certaine lassitude. Au point que les fill-in paraissent tomber à pic pour faire respirer la série. Des histoires pas si anecdotiques donc, signées Mark Millar ou Mark Waid. C’est ce dernier qui prendra la suite de la série : Morrison quitte JLA et DC Comics, vexé que l’éditeur ne lui ait pas confié les rênes de la série Superman. Il reviendra aux comics chez Marvel pour écrire New X-Men. Quant à Mark Waid, il va réussir à donner un nouveau souffle à JLA, dans de splendides épisodes dessinés par Bryan Hitch. Pour les découvrir, il nous faudra attendre le tome 5 !
De bons moments
Justice League of America, tome 4 réserve tout de même son lot de bons moments à même de satisfaire tout amateur de la JLA. On a déjà évoqué les fill-in, très intéressants, et notamment celui de J.M. DeMatteis qui met sur le devant de la scène le Spectre. Pour rester dans le registre d’apparitions qui font plaisir, on notera la place assez importante octroyée aux personnages du Quatrième Monde de Kirby, remis au goût de l’époque. Enfin, Prometheus devait une revanche à Batman : Grant Morrison ne loupe pas le coche et propose aux lecteurs un combat anthologique.
Stéphane Le Troëdec
Grant Morrison, Mark Waid, Mark Millar (scénariste), Howard Porter, Mark Pajarillo (dessinateur), Justice League of America, tome 4 – Troisième Guerre mondiale, traduit de l’anglais par Jean-Marc Lainé et Jérémy Manesse, Urban Comics, collection DC Classiques, novembre 2017, 384 pages, 35 euros