« Bazaar » le road trip de Julien Cabocel

Julien Cabocel se consacre à la chanson en tant qu’auteur, compositeur et interprète, mais aussi au roman, avec toujours une pointe de fantastique et de conte. Après un premier Sur aucune carte, d’aucun voyageur (L’Harmattan, 2015), court récit où les mots avaient disparus, le voici tentant de faire disparaître son personnage dans un road-trip ésotérique, Bazaar (en référence à Stephen King ?).

Un départ irréversible ?

Dominique Chevalier dirige une agence de publicité parisienne a qui tout à l’air de réussir. Un événement va le détourner de sa route toute tracée, car au fond de lui l’insatisfaction paraît le dévorer.

Une irrésistible envie de tout laisser derrière lui, de partir, de tout oublier et de s’oublier. Il se met au volant de sa voiture et part au hasard vers le sud, sans envie sinon que de s’éloigner de sa vie et de le faire immédiatement, sans se retourner. Il ne prévient personne, il part à l’aventure, il veut se perdre dans l’infini opaque de la nuit. Ses phares sont le seul guide.

L’unique critère qu’il s’est imposé et de s’arrêter à la panne sèche de sa voiture, il verra ensuite où le mène cette fuite en avant. Le lever du soleil sera sa destinée, sa voiture laissée à l’abandon, les clefs jetées au hasard, il continue sa quête, à pied sans envies, sans espoirs mais peut-être avec la conviction qu’une nouvelle fortune l’attend ou bien le désenchantement. Il avance.

Droit devant lui le désert et, au bout d’un périple transitoire, va apparaître l’énigmatique motel dénommé Bazaar.

 

Est-ce un mirage avec Goran Bregovic en fond sonore ?

Il va se retrouver dans un espace temps parallèle à osciller entre illusion, hallucination, petits et grands émerveillements. Faits de rencontres tant inespérés qu’énigmatiques,va t’il assouvir tous ses fantasmes ? Trouver la sérénité ou se perdre davantage ?

Avec un petit air d’Arizona dream & de Bagdad café, Julien Cabocel nous lance dans une une histoire déroutante, mais en tout cas proche de cette idée que chacun, un jour, a pu avoir  en tête : tout plaquer et venit enim potest. 

Tel est le crédo de Dominique, on a le vague à l’âme et on s’apitoie un peu sur le sort de ce personnage qui, aussi étrange soit-il, ne trouve pas d’incohérences à tout ce qu’il vit pendant ce récit.

Un livre bien écrit, qui se lit rapidement en s’imaginant certains refrains de Goran Bregovic qui meublent une atmosphère malheureusement un peu trop surréaliste et avec sans doute les défauts — ou le fou désir de tout dire — d’un premier roman.

 

 

Xavier de La Verrie

Julien Cabocel, Bazaar, L’Iconoclaste, août 2018, 192 pages, 17 euros

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