Virginia Verasis comtesse de Castiglione, la femme du XIXe siècle

Une biographe entre France et Italie

Benedetta Craveri, professeur de littérature française à Naples, s’est faite connaître du public français avec sa biographie de madame du Deffand (Seuil, 1986 et Flammarion, 2017) et Les Derniers libertins (Flammarion, 2016). Elle s’intéresse ici à un personnage hors normes, Virginia Verasis comtesse de Castiglione, dont la vie se déroula entre France et Italie. Une femme qui, aussi, décida de s’affranchir de la tutelle des hommes.

Une femme libre

Voici donc cette jeune Virginia, issue d’une famille noble mais de moins en moins riche, dont la beauté frappe tous les hommes qui l’approchent. Très vite, Virginia, comme le raconte Bendetta Craveri, comprend son pouvoir… et sa faiblesse. Elle pressent qu’elle risque d’être utilisée par tous ces hommes, certains hommes de pouvoir. Alors on la voit peu à peu devenir une maîtresse femme, prête s’il le faut à se dévouer pour le piémont, la dynastie des Savoie et l’unification italienne portée par son cousin Cavour. Elle n’hésite pas à séduire Napoléon III, au grand dam de l’impératrice, et à se prêter à des intrigues politiques. Le but est simple : amener le souverain français à soutenir le Piémont et son roi (dont Virginia est aussi l’amant). Cela marchera.

Notons qu’elle essaya de jouer un rôle d’intermédiaire entre France et Allemagne en 1870 lors des prises de contact entre Thiers et Bismarck. Italienne jusqu’au bout des ongles, Virginia aimait aussi Paris et la France.

Une diva jusqu’à la fin

On découvre ici sa relation à sa famille. La Castiglione fut une fille revêche tant pour son père qu’envers sa mère et la rumeur de ses infidélités n’aidait pas. Non contente ses amants à ses pieds, elle voulut aussi contrôler son fils, superviser son éducation et surveiller ses moindres faits et gestes. Elle finit par susciter sa révolte et sa fuite. Le drame ici est que jamais mère et fils ne se réconcilièrent complètement car ce dernier mourut jeune. Elle resta une diva toute sa vie, enchaînant les séances de pose pour peintres et les séances photos où elle se mettait en scène.

Saluons ici avec La Contessa de Benedetta Craveri une femme qui brava beaucoup d’interdits et resta libre, farouchement libre. C’est précieux et puis, avouons-le, elle était belle.  

Sylvain Bonnet

Benedetta Craveri, La Contessa, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, Flammarion, octobre 2021, 512 pages, 26 eur

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