Par le fer et par le feu, le hasard des batailles navales
Mythe et histoire
L’océan fut un des grands champs de bataille de l’époque moderne, avec pirates et corsaires. Hollywood sut s’en souvenir au XXe siècle et saluons ici Errol Flynn qui, avec des films comme Captain Blood et L’Aigle des mers, signés par le grand Michael Curtiz, illustra à merveille cette mythologie. Alexandre Jubelin, auteur d’une thèse sur l’abordage et le combat rapproché dans l’Atlantique, a choisi de consacrer un ouvrage sur les combats navals aux XVIe et XVIIe siècles entre grandes puissances. Sujet épineux car les sources sont rares sur le sujet.
Des combats risqués et hasardeux
La lecture de Par et le par le feu réserve des surprises. On y découvre (quand est un complet néophyte mais pas seulement) la vie des marins de leur premier embarquement à leur premier engagement, où ils ont le loisir d’apprendre les choses de la mer. Et rien n’est joué lors d’une bataille navale : tout dépend avant tout des vents et de comment les commandants de navires et d’escadres vont savoir s’en servir. L’abordage reste le moment crucial, l’artillerie n’étant décisive que lorsque la cible est proche (et que le canonnier, homme expérimenté, vise correctement). La tactique du combat en ligne changera partiellement la bataille navale à partir de la fin du XVIIe siècle.
Face à la mort
Dans ces combats, le taux de mortalité est élevé, le nombre de blessés aussi et pour des causes multiples : coups de sabres, d’arquebuses, voire de boulets qui emportent les membres. Il y aurait toute une histoire à écrire sur les marins face à la mort au combat. Comme les poilus de 14, le capitaine fait boire son équipage avant chaque bataille, histoire de leur donner du courage. L’Atlantique est devenu le cimetière de ces hommes qui crièrent, saouls comme des barriques, sabre à la main avant d’aborder le navire d’en face … Voilà une belle synthèse sur le combat naval durant cette période méconnue.
Sylvain Bonnet
Alexandre Jubelin, Par le fer et le feu, Passés composés, octobre 2022, 288 pages, 22 euros