Le sacre de Charles X, une cérémonie oubliée

Ancien directeur de la maison de Chateaubriand, Bernard Degout a publié plusieurs ouvrages dont Je ne suis plus que le temps, essai sur Chateaubriand (Fayard, 2015). Ici, il revient avec un ouvrage sur le dernier sacre royal, celui de Charles X en 1825, intervenu il y a tout juste deux siècles.

Un sacre particulier

Prince proche des ultraroyalistes, le comte d’Artois futur Charles X avait vu son frère Louis XVIII reculer finalement devant son propre sacre après 1814-1815.  Si sa santé physique put le faire reculer, Louis XVIII a pu penser que l’opinion, la France avait changé depuis le sacre de Louis XVI. Et peut-être aussi que le propre sacre de Napoléon n’avait pas empêché la chute de ce dernier. Quant à savoir si Louis XVIII était un sceptique voltairien… En tout cas, Charles X, dès son accession au trône, résolut de se faire couronner à Reims. Et il modernisa la cérémonie, avec par exemple un serment à la Charte octroyée par son frère.

Un succès ?

On a eu tendance à relire ce sacre en ayant en tête la suite, c’est-à-dire la série d’erreurs qui mena Charles X (du milliard des émigrés à la loi sur le sacrilège) à sa perte et à la révolution de 1830. Pour autant, sur le moment, la cérémonie parut un succès, plutôt bien accueillie par la presse et la fameuse opinion publique. Si Paris se montra plus sceptique que la province, la fête fut suivie (le fameux festin du roi). Mais cette cérémonie, l’onction par exemple, servit aussi à alimenter une légende noire, celle du roi des prêtres : on était plus sous l’Ancien Régime, on ne comprenait plus que le Roi était « un évêque du dehors » selon la formule de Marc Bloch… Bernard Degout signe en tout cas un ouvrage éclairant.

Sylvain Bonnet

Bernard Degout, Le sacre de Charles X, Perrin, avril 2025, 352 pages, 23 euros

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