Dans le berceau du temps, entre cauchemar et illusion

Un auteur passionnant

On a lu avec beaucoup d’enthousiasme Dans la toile du temps (Denoël, 2018) et Dans les profondeurs du temps (Denoël, 2021) d’Adrian Tchaikovsky, un des meilleurs auteurs britanniques actuels de science-fiction. Rappelons que le premier tome montrait comment des araignées intelligentes (grâce à une femme, Avrana Kern) colonisaient une planète terraformée (le monde de Kern) par l’homme et parvenaient à vivre en symbiose avec l’humanité. Dans le deuxième, il s’agissait pour cette nouvelle civilisation d’intégrer des poulpes et un… parasite du monde de Nod. Que nous a donc préparé Tchaikovsky pour ce troisième opus ?

Des curieux signaux

« Ce ne fut pas un murmure mais une explosion.

Le vaisseau avait administré à Heorest Holt tous les médicaments qui lui permettaient de revenir paisiblement à la vie, mais il n’était pas préparé à entendre ce qui ressemblait à la fin du monde. Il ne s’était écoulé qu’un moment subjectif depuis qu’ils s’étaient tous rassemblés dans la salle de commandement pour discuter de leur cible et célébrer leur succès. Esi Arbandir, leur archiviste bavarde, avait même concocté une boisson alcoolisée grâce aux vieilles imprimantes de l’Enkidu. »

Un accident a décimé une partie des colons à bord de l’Enkidu et le capitaine Holt a dû faire descendre les survivants sur Imir, planète en partie terraformée. Il y fonde une colonie qui semble s’accrocher, les générations passent, la jeune Liff naît tandis que les difficultés s’accumulent. Et voilà que des étrangers débarquent. On se méfie d’eux. Il s’agit de lointains descendants du monde de Kern, araignées, humains et aussi oiseaux (qui sont parvenus à l’intelligence sur un autre monde terraformé, Rourke). Ils ont été attirés là par des signaux étranges. Parmi eux, il y a Miranda. A la fois humaine et porteuse du parasite de Nod. Elle se prend d’affection pour la jeune Liff. Mais elle est loin de se douter que tout n’est peut-être qu’illusion. Pourquoi ?

Vertige complet

La trilogie que Dans le berceau du temps vient clore (provisoirement ?) a reçu le prix Hugo de la meilleure série en 2023. A raison tant la lecture de ce roman finit par donner une sensation de vertige complet au fur et à mesure que l’intrigue se déploie. Tchaikovsky va ici chasser sur des terres dickiennes et il a raison si ça l’inspire. A lire si on est attachée à cette expression anglaise qui résume un peu la science-fiction : sense of wonder.

Sylvain Bonnet

Adrian Tchaikovksy, Dans le berceau du temps, traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, Denoël « Lunes d’encre », illustration de couverture d’Alain Brion, mars 2025, 480 pages, 24 euros

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