La traque, le polar des braqueurs
Dans le monde des criminels, comme dans celui des flics, il y a une hiérarchie. Au sommet, les fourgonniers sont traqués par l’antigang. En Belgique, un groupe particulièrement violent et efficace échappé depuis plusieurs années à toutes les polices. C’est le sujet de La Traque, le polar choc de Bernard Petit, patron du 36.
Une bande, une famille
La solidité d’un groupe tient à la confiance et à l’affection de ceux qui le composent.
Pour le groupe des braqueurs, c’est presque une famille. Aucune chance de l’infiltrer, aucune chance de faire parler d’un des ses membres contre les autres. Cette force en fait une machine de guerre incroyable d’efficacité quand il s’agit d’attaquer un fourgon, et ensuite pour échapper à la police. Les fourgonniers les plus recherchés, toujours imprenables, qui vont mettre à mal tous les plans lancés contre eux. C’est aussi leur intelligence et leur préparation qui les rend si difficile à prendre.
De l’autre côté, les enquêteurs qui mettent tout en œuvre pour arrêter cette bande et leurs actions violentes. Mais les services sont aussi dans des luttes internes, pour savoir qui pourra tirer la couverture à soi, éviter les coups et gratter les budgets. il va donc falloir affronter une double violence, celle des braqueurs qui ne respectent rien et celle de la hiérarchie et des « collègues ». Pour réussir, il va surtout falloir sortir des chemins balisés et oser un affrontement direct.
On passe d’un groupe à l’autre et on finit par ne plus savoir vraiment lequel a notre préférence…
un roman immersif
La Traque est un roman particulièrement réussi, prenant et immersif. Construit comme un film de genre (1), il lance le lecteur dans l’intimité des deux groupes. Mais Bernard Petit en profite aussi pour dresser un tableau à charge de la police. Bien que « déplacée » en Belgique, le lecteur n’est pas dupe : la vétusté des commissariats, les guerres entre services, le manque de moyen, le comportement très limite de certains, et surtout la hiérarchie qui impose des contraintes impossibles dans le seul but de se protéger des retombées médiatiques et politiques, voilà le quotidien des flics.
La Traque est un à la limite du document, du film d’action, du polar musclé, et ce mélange est particulièrement réussi.
Loïc Di Stefano
Bernard Petit, La Traque, Fleuve noir, février 2021, 432 pages, 20,90 eur
(1) Citons par exemple Criminal Squad de Christian Gudegast (2018), Braqueurs de Julien Leclercq (2016), ou encore Heat de Michael Mann (1995).