Philippe le bon, le meilleur des ducs de Bourgogne
Longtemps maître de conférences à l’université Paris IV Sorbonne puis professeur à l’université de Lille, Bertrand Schnerb s’est imposé comme le spécialiste du duché de Bourgogne auquel il a consacré de nombreux ouvrages : Citons notamment Armagnacs et Bourguignons la maudite guerre (Perrin, 1988), L’Etat bourguignon (Perrin, 1999) ou encore la biographie du duc Jean sans Peur, le prince meurtrier (Payot, 2005). A l’automne 2024, il a publié une monumentale biographie de Philippe le Bon chez Tallandier.
Entre France et Angleterre

Le fondateur de la Toison d’or a laissé une image contrastée. Il est d’abord un fils désireux de venger son père, assassiné sur ordre du futur Charles VII : c’est ainsi qu’il choisit, lui le prince français descendant de Jean II (il n’oublie jamais ça) de s’allier aux anglais et à Henry V. On est alors en pleine guerre de cent ans, Charles VII est replié sur Bourges et Paris est aux mains des anglais. Philippe le Bon assume cette alliance… mais observe. S’il laisse Jeanne d’Arc être livrée aux anglais, il reçoit des émissaires de Charles VII. Les écoute. Et finit en 1435 par faire la paix avec son parent et suzerain pour ses terres du royaume de France. Mais Philippe le Bon n’est pas qu’un prince français.
Le bâtisseur des Pays-Bas bourguignons
Avec toujours un œil sur la France, Philippe le Bon affermit les droits de sa famille sur les Pays-Bas, c’est-à-dire la Belgique et les Pays-Bas actuels. Si la Flandre relève de la France, le reste est plutôt fief d’Empire. Philippe le Bon doit affronter plusieurs révoltes qu’il mate avec doigté. C’est là son legs le plus important car, lorsque sa petite-fille Marie verra la Bourgogne proprement dite lui échapper, les Pays-Bas eux renouvelleront leur allégeance qui passera à ses héritiers Habsbourg, jusqu’à la Révolution.
Le « Grand-duc d’Occident »
Croyant ardent, habité par l’esprit de croisade, Philippe le Bon manque de partir en Orient plusieurs fois… Mais les nécessités politiques le rattrapent. Les relations avec le roi de France sont compliquées, surtout quand il accueille le dauphin Louis (futur Louis XI) fâché avec son royal père. Et on ne peut pas dire que le futur roi saura gré de son séjour à son oncle une fois monté sur le trône. La Bourgogne pose de toute façon un problème qui sera réglé après la mort de Philippe le Bon. La vie de ce prince attachant, amoureux des arts, est en tout cas bien retracée ici avec cette biographie pleine de détails mais toujours claire. Bertrand Schnerb signe son magnum opus.
Sylvain Bonnet
Bertrand Schnerb, Philippe le Bon, Tallandier, novembre 2024, 978 pages, 31,90 euros