Histoire politique de la Réforme française, un combat perdu d’avance?
Professeur d’histoire moderne à l’université Marie et Louis Pasteur, Hugues Daussy a publié un grand nombre d’ouvrages sur la question des réformés aux XVIe et XVIIe siècle. Parmi eux, citons Les Huguenots et le Roi, le combat politique de Philippe Duplessis-Mornay (Droz, 2002) et Le parti Huguenot, chronique d’une désillusion (Droz, 2014). Avec cette Histoire politique de la Réforme française qu’il publie cette année chez Perrin, il propose une relecture complète du parcours de cette minorité dans la France d’Ancien Régime.
Un parti et une minorité

Hugues Daussy retrace avec précision les débuts de la Réforme sous François Ier et Henri II, marquée par la conversion de nombreux nobles de hauts rangs. Si la Réforme gagne les esprits en milieu urbain, elle piétine un peu à convaincre dans les campagnes, excepté dans ses fiefs du sud-ouest ou de Normandie. A la fin de la décennie 1560, les réformés les plus lucides ont compris que la France resterait catholique. Ils s’organisent alors en Parti, sous la férule de l’amiral de Coligny principalement. La Saint Barthélémy décapité le parti Huguenot d’une partie de ses cadres, ce qui était peut-être le but de Charles IX en ordonnant l’assassinat de Coligny. Mais il est loin d’être mort, le retour d’Henri IV lui donne un Protecteur, premier prince du sang, héritier du trône à la mort du duc d’Alençon en 1584. Le règne d’un roi protestant est-il possible ?
Un démantèlement progressif
Beaucoup n’ont pas voulu croire que la conversion d’Henri IV était inéluctable. Tous ont voulu lui arracher des concessions pour le prix de leur fidélité. L’édit de Nantes organise la coexistence confessionnelle, ce qui est inédit en Europe, tout en figeant la situation des églises réformées : elles ne peuvent plus progresser. Si l’organisation politique et militaire du parti huguenot perdure sous Louis XIII, ce dernier réduira son influence à néant avant de le démanteler après la reddition de La Rochelle. Jusqu’aux années 1650, l’existence des protestants français se maintient ; les nobles sont par exemple nombreux à s’engager dans l’arée lors de la guerre contre l’Espagne. Louis XIV, comme on le sait, ne leur sera jamais favorable et la conversion d’un Turenne les prive d’une voix qui compte dans l’entourage royal… on connait la suite et l’édit de révocation de 1685. Les réformés ont-ils trop parié sur leur loyauté au roi ?
Je ne puis que vous recommander la lecture de cet ouvrage.
Sylvain Bonnet
Hugues Daussy, Histoire politique de la Réforme française 1540-1685, Perrin, mars 2025, 544 pages, 27 euros