Surcouf, une vie en clair-obscur
Un spécialiste de la marine des XVIIe et XVIIIe siècles
Professeur émérite des universités, en poste à Paris IV et à Chambéry, Michel Vergé-Franceschi est un spécialiste de l’histoire maritime moderne. On lui doit aussi des biographie d’Abraham Duquesne (France-Empire, 1992), le fameux amiral de Louis XIV, de Colbert (Payot, 2003), de Pascal Paoli (Fayard, 2005) et de Pozzo di Borgo (Payot, 2016). Ici il revient sur le parcours de Surcouf, le corsaire de Napoléon.
Derrière la légende
Tout le monde (ou presque) connait Surcouf, dont le nom a été donné à des navires (et à des sous-marins). C’est un malouin, descendant de normands venus dans la cité de Jacques Cartier pour échapper à la misère. À Saint-Malo au XVIIIe siècle, la mer est une occasion d’aventures et surtout de faire fortune. Les ancêtres de Surcouf ont commencé en bas de l’échelle comme calfats ou simples marins. Son grand-père est quant à lui monté dans l’échelle sociale en devenant armateur et en devant riche grâce, en partie, au commerce des esclaves. Mais le père a eu des revers et le jeune Surcouf, inspiré par l’exemple de son lointain cousin Duguay-Trouin, a une revanche à prendre. Alors il devient marin et, bientôt, corsaire.
Fortunes et ombres
Surcouf pratique ce qu’on appelle la course : il prend des navires de commerce à l’ennemi (principalement anglais) dans l’océan Indien et revend les marchandises. Il est courageux, rusé, bon marin. Napoléon le remarque, et le reçoit mais Surcouf, malgré son admiration, ne rejoint pas la marine impériale. Il vit de ses prises, arme des navires. Après la chute de Napoléon (il ne reniera d’ailleurs jamais son admiration envers lui), il devient encore plus riche grâce… à la traite des esclaves, pourtant interdite en France depuis 1815. Voilà le portrait sans tabou d’une légende de la mer et aussi du monde des corsaires, écrite dans un style enlevé par Michel Vergé-Franceschi.
Sylvain Bonnet
Michel Vergé-Franceschi, Surcouf, Passés composés, janvier 2022, 352 pages, 21 €