New Iberia Blues, un crime dans le bayou
Le pilier du roman noir américain
Parler de James Lee Burke nécessiterait des pages et des pages, de quoi lui consacrer une étude de deux cent pages. Avant d’être écrivain, il a exercé quantité de métiers dont celui d’enseignant. Créateur du personnage de Dave Robicheaux, le détective cajun hanté par le Vietnam et son passé de flic à la Nouvelle-Orléans, Burke allie dans son écriture lyrisme, notamment dans ses descriptions des bayous, évocation sèche et sans détour de la violence et quête métaphysique. On ne se lasse pas des enquêtes de Robicheaux, malgré le poids des ans et la fatigue du policier qui, pourtant, repart sans cesse au turbin. Pour sa fille Alafair, son ami Clete Purcel et pour la Louisiane du passé qui continue de vivre en lui. Et c’est parti pour New Iberia Blues !
Pour Lucinda et les autres
Dave Robicheaux vient rendre visite à son vieil ami Desmond Cormier, un indien devenu réalisateur à Hollywood. Desmond est venu tourner un film près de New Iberia. Et voici que, se tenant, dans la villa de Desmond, Dave Robicheaux voit au loin une femme attachée à une croix. Desmond, lui, ne voit rien. Robicheaux se rend sur les lieux, la shérif Helen Soileau le rejoint :
Nous portions tous les deux des gants de latex. J’effleurai un des clous enfoncés dans les chevilles de la femme. « Celui qui a fait ça, qui que ce soit, en connaissait un rayon sur les crucifixions romaines. Les clous traversaient les chevilles plutôt que le dessous des pieds. Les os des pieds se seraient libérés des clous. / Helen fixa le corps, le regard vide. « Pauvre fille. Elle n’a pas plus de vingt-cinq ans.
Et Dave lance son enquête, plein de méfiance envers les gens de Hollywood. On lui a donné une nouvelle partenaire, Bailey Ribbons, qui lui évoque la Clémentine de My Darling Clementine de John Ford. Parallèlement, il y a ce texan, Hugo Tillinger, un condamné à mort évadé que Clete Purcel a aperçu… Tillinger appelle Dave et avive ses soupçons. Après Lucinda, les meurtres s’accumulent. Robicheaux va-t-il trouver le coupable ? Et à quel prix ?
Le meilleur du roman noir
Lire New Iberia Blues est un délice. Burke est un grand écrivain, tourmenté et lyrique. Il a su créer avec le personnage de Robicheaux une sorte d’ami pour le lecteur, une preuve de plus que de son talent. On ne se lasse pas d’arpenter la terre de Louisiane avec lui. On pleure avec Dave sur les tombes de ses femmes. On suit avec passion le déroulement de ce roman, passionné et âpre, très âpre. On espère enfin, après avoir terminé New Iberia Blues, qu’il y en aura encore d’autres des livres de ce calibre.
La vérité, cher lecteur, c’est que Burke est aussi important qu’Ellroy dans le roman noir actuel ! Déguste ce roman comme un bon vin.
Sylvain Bonnet
James Lee Burke, New Iberia Blues, traduit de l’anglais (USA) par Christophe Mercier, Rivages, juin 2020, 554 pages, 23,50 eur