Un océan de rouille, des robots si humains
Du cinéma au roman
C. Robert Cargill, ancien acteur, est surtout connu comme scénariste de cinéma : il a cosigné avec son ami Scott Derrickson des films comme Sinister (2012), Sinister 2 (2015) et Dr Strange (2016). Un océan de rouille est paru en 2017 aux USA et constitue sa première parution en France. On ne peut donc pas en dire plus sur le bonhomme à qui on doit raisonnablement donner sa chance.
Le monde d’après
Fragile est un robot, doté d’une personnalité féminine, qui hante les villes en ruines à la recherche de pièces détachées. Elle était autrefois au service d’une femme nommée Madison mais les humains ont disparu. Ce sont les robots qui les ont assassinés, jusqu’au dernier, sans la moindre pitié, y compris Fragile :
Ça se résumait à un mur de fumée, de flammes, de hurlements. Mais il m’arrivait de voir leurs visages quand je les tuais. Je les voyais se tordre de douleur et crier, je voyais les cloques, je voyais leur chair qui coulait.
Le dernier humain est mort il y a quinze ans et le monde appartient désormais aux robots, leurs héritiers. Fragile fuit les IA, CISSUS et VIRGIL, qui cherchent à désormais à imposer leur domination et le règne de l’ « unique », c’est-à-dire de fusionner tous les robots. Fragile arrive cependant au bout de sa course : ses composants vieillissent, la folie la guette. Le seul qui peut la sauver est Mercer, du même type qu’elle mais il ne se laissera pas faire. Et les IA arrivent…
Horreur robotique
Ce roman est écrit à la première personne : on est donc ainsi immergés dans les pensées et l’histoire de Fragile, ce robot si humain au demeurant (à l’image de ses créateurs ?), responsable de bien des crimes mais qui émeut par sa volonté de survivre tandis que sa mort programmée se rapproche. Très efficace. C. Robert Cargill décrit un monde post-apocalyptique en ayant recours à des images chocs — on recommande les passages sur la chute de l’homme —, tout aussi efficaces.
Proche parfois de l’univers de Terminator (mais Skynet n’exterminait pas l’ensemble de l’humanité), Un océan de rouille est un excellent roman : on en attend d’autres de C. Robert Cargill.
Sylvain Bonnet
C. Robert Cargill, Un océan de rouille, traduit de l’anglais par Florence Dolisi, couverture d’Aurélien Police, Albin Michel, « imaginaire », janvier 2020, 320 pages, 21,90 eur
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