Cyberpunk’s Not Dead de Yannick Rumpala

Un genre omniprésent dans la culture populaire  

Force est de constater qu’en ce début du XXIe siècle, le genre cyberpunk est omniprésent dans les jeux vidéos, les bandes dessinées qui relèvent de la culture Geek. À l’origine, le cyberpunk relevait de la science-fiction et fit son entrée inaugurale dans nos imaginaires avec Neuromancien, premier roman de William Gibson qui remporta le prix Hugo en 1985. Depuis, le cyberpunk s’est répandu tel un virus et a contaminé le cinéma, les jeux vidéo, la bande dessinée… Il est donc au fond complètement normal qu’un chercheur comme Yannick Rumpala, maître de conférences à l’université de Nice, s’intéresse à ce genre si populaire.  

Un genre polymorphe et en constante mutation  

Le cyberpunk doit son succès à une époque, les années 80, où l’informatique connaît une croissance intensive spectaculaire, en partie nourrie par des sociétés japonaises. Neuromancien de William Gibson surfe (inconsciemment) sur cette mode en imposant la figure du hacker et l’imagerie du cyberspace, préfiguration très partielle du net (où sont les implants ? reste qu’on est fasciné par ces humains modifiés). Gibson et ses épigones ont donc créé un genre, très vivant si on voit le succès de films comme Matrix ou le développement des jeux de tout type qui ont remporté un grand succès parmi ceux qu’on appelle les geeks.  

Un futur dystopique ?  

À la lecture de cet essai, il apparaît clairement que les auteurs cyberpunks ont anticipé un monde néo-libéral poussé à l’extrême. Il faut dire que l’Amérique de Reagan aidait à ce type de projection. Ainsi, les romans cyberpunks décrivent des corporations, transpositions de nos multinationales, qui opèrent à l’échelle du monde, libérées des contraintes que faisaient peser sur elles les États. Ceux-ci se sont au mieux affaiblis, ou ont carrément disparu : pensons à Câblé de Walter Jon Williams décrit une Amérique balkanisée où l’État fédéral a disparu. Si le genre cyberpunk nous parle encore, c’est aussi parce que son côté dystopique nous parle toujours, surtout au moment où beaucoup militent pour le retour des États dans une planète mondialisée à outrance. Cyberpunk’Not Dead de Yannick Rumpala se révèle donc, chers lecteurs, un essai passionnant.    

Sylvain Bonnet  

Yannick Rumpala, Cyberpunk’s Not Dead: Laboratoire d’un futur entre technocapitalisme et post-humanité, Le Bélial collection « Parallaxe », juin 2021, 256 pages, 16,90 €

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