François Ier, un roi entre deux mondes

Professeur d’histoire moderne à l’université Rennes 2, Cédric Michon est un spécialiste de la Renaissance. Les amateurs d’histoire le connaissent grâce à une excellente biographie d’Henry VIII (Perrin, 2022). Les éditions Alpha ont réédité ici sa biographie de François Ier, paru précédemment en 2018 chez Belin.

Derrière la légende

Il est difficile de se pencher sur le règne de François Ier tant la légende et les mythes l’entourent. On le croit adoubé à Marignan en 1515 par Bayard alors que c’est faux. On le voit en roi galant, manipulé par sa maîtresse la duchesse d’Etampes. On l’imagine recueillant les dernières pensées de Léonard de Vinci sur son lit de mort, pure affabulation et on le pense créateur du collège de France, encore une légende. François Ier, combattant courageux fait prisonnier à Pavie, n’est-il qu’un perdant, qu’un loser comme dirait mon neveu ?

Un monarque de son temps

L’analyse de Cédric Michon, qui vient après le travail de Didier Le Fur permet de restituer une image qu’on espère plus proche de ce que fut François Ier. Il hérite de Louis XII un royaume prospère qu’il lance dans une guerre de reconquête du Milanais : c’est l’éphémère triomphe de Marignan car au bout de quelques années, le duché est à nouveau perdu. La guerre contre son grand rival (et cousin) Charles Quint va occuper tout son règne. L’homme est en tout cas un monarque jaloux de son autorité, qui a des favoris (Montmorency) qui lui servent de paratonnerre. François Ier protège les arts, parle italien et fait figure de souverain cultivé : c’est pour cela qu’on lui a attribué la fondation du collège de France. Il mate les parlements même s’il recueille leurs avis. La révolte du connétable de Bourbon est la dernière grande révolte féodale avant les guerres de religion. Sous le regard aimable de François Ier perce déjà parfois Louis XIV selon Cédric Michon.

Cet ouvrage donne envie de se replonger dans l’étude de ce règne, en tout cas.

Sylvain Bonnet

Cédric Michon, François Ier, Alpha Histoire, avril 2024, 488 pages, 11,50 euros

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