Tous les Mayas sont bons, dès qu’une femme arrive les ennuis commencent

Humour et noirceur : gloire de Donald Westlake


Un jumeau singulier, Kawaha, Pierre qui roule, Dégâts des eaux, Ordo… On ne compte plus les romans de Donald Westlake, décédé un 31 décembre 2008, qui ont marqué le polar. Expert des romans drôlatiques, inventeur du monte-en l’air le plus drôle qui soit, Dortmunder, Westlake était aussi capable de livrer des livres très noirs comme Le Couperet, où un cadre au chômage assassinait ses possibles concurrents afin d’être le seul candidat pour le poste qu’il ambitionne : un roman sur la crise qui monte depuis les années 70 en somme. On lui doit aussi sous le nom de Richard Stark la série des Parker dont le premier volet a été adapté brillamment par John Boorman en 1967 (Le Point de non-retour). Westlake fut et reste un géant dont des raretés ou des inédits sortent encore. Il y a quelques années, Mémoire morte avait réjoui le cœur de l’amateur endeuillé. Cette fois ci, c’est au tour de Tous les Mayas sont bons, publié aux Etats-Unis en 1985, de paraître en France.

Arnaque au Bélize


Kirby Galway est installé au Bélize depuis plusieurs années et gagne sa vie en faisant passer de l’herbe aux Etats-Unis. Mais il a trouvé une bonne combine. Il a acheté un terrain à un ponte local, Innocent St Michael, sur lequel il a édifié un faux temple maya avec l’aide des villageois du coin. Il fait visiter le site à des clients américains à qui il vend ensuite des « antiquités » fabriqués par les villageois. Kirby s’en sort donc de mieux en mieux… Sauf quand il croise aux Etats-Unis, alors qu’il est en train d’appâter un gogo, une jeune archéologue commence à dénoncer les trafiquants d’objets mayas :

“Les gens qui font ce genre de choses n’éprouvent aucun sentiment de honte”, déclara Valérie Greene qui s’entêtait à labourer son petit champ étroit. / “Oh, je suis bien d’accord, dit Kirby en regardant la porte coupe-feu blanche se refermer sur Withman Lemuel. Vous prêchez un converti. Eh bien au revoir.” Il sourit, dissimulant sa haine, et s’en alla. / “Sale peste.” »


Le problème est que Valérie Greene ne reste pas en Amérique et débarque bientôt au Belize. Kirby Galway a du souci à se faire…

Un roman drôle mais mineur


On l’aura compris, Tous les Mayas sont bons appartient à la veine humoristique de l’auteur, avec aussi une critique acerbe de la présence américaine dans les Etats d’Amérique centrale. On retrouve aussi des dialogues savoureux et des situations drolatiques, une de ses marques de fabrique. Et Valérie Greene, effectivement une peste, est aussi irrésistible. On est un peu plus gênés par le traitement des personnages d’antiquaires, homosexuels assez ridicules : la satire est là un peu lourde.

Un bon moment de lecture en tout cas et c’est déjà beaucoup.

Sylvain Bonnet


Donald Westlake, Tous les Mayas sont bons, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nicolas Bondil, novembre 2018, Rivages/noir, 400 pages, 22,50 eur

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