Gracchus Babeuf, le premier des communistes

Une vie dédiée à l’histoire de la Révolution française

Historien et président de l’Institut de recherche et d’études de la liberté de pensée, Jean-Marc Schiappa a consacré un grand nombre d’ouvrages sur le mouvement ouvrier et ses liens avec la Révolution française. C’est donc tout naturellement qu’il a écrit sur la conjuration des égaux, Buonarroti et bien sûr Gracchus Babeuf : il lui a ainsi consacré un essai, Gracchus Babeuf, pour le bonheur commun (Spartacus, 2015). Finalement, il lui a aussi consacré une biographie, parue chez Fayard en février dernier.

Du droit féodal à la Révolution

Picard d’origine, Babeuf est le fils d’un employé des fermes du Roi. Il est instruit et devient rapidement géomètre puis spécialiste en droit féodal. Des seigneurs font ainsi appel à lui afin de faire reconnaître leurs droits mais aussi des communautés villageoises. Selon Jean-Marc Schiappa, c’est en voyant ainsi l’Ancien Régime et ses coutumes fonctionner au quotidien, au détriment le plus souvent des conditions de vie du peuple que Babeuf se forge une conscience prérévolutionnaire. Pour autant, cela ne l’empêche pas de se marier. En 1789, Babeuf embrasse la cause de la Révolution et épouse ses méandres. Il critique ainsi Robespierre (il le regrettera) et le gouvernement de l’an II. Cependant, Babeuf, par ses activités de journaliste, s’est déjà trouvé une cible de choix : les possédants, ceux qui ont la terre. Sa solution ? La suppression de la propriété privée.

La conjuration des égaux

Babeuf, on le comprend vite, n’est pas en phase avec le régime du Directoire. Proche des jacobins, en lien épistolaire avec le roué Fouché (ce dernier le manipule-t-il ?), il veut tenter un coup, s’emparer du pouvoir et reprendre le fil de la Révolution. Il est vite dénoncé, jeté en prison et condamné à mort. Sans doute précurseur du communisme, Babeuf doit beaucoup à son complice Buonarotti (qui consacrera des années plus tard un ouvrage à la conjuration) qui a popularisé sa tentative. Derrière la légende, Jean-Marc Schiappa réussit à nous montrer l’homme privé, bon père et mari plutôt aimant. Pour autant, notre historien ne cache pas non plus sa proximité idéologique avec son sujet. Qu’importe, c’est une bonne biographie.

Sylvain Bonnet

Jean-Marc Schiappa, Gracchus Babeuf, Fayard, février 2023, 384 pages, 23 euros

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