Choc terminal, des remèdes pires que le mal?

Une grande signature de la science-fiction

Auteur du Samouraï virtuel (Robert Laffont, 1996) et du très complexe Anatèm (Albin Michel, 2018), Neal Stephenson s’est imposé comme un  auteur très original, parfois abscons, suscitant en tout cas un grand enthousiasme parmi les lecteurs. Avec Choc terminal, il choisit de s’attaquer à un thème très actuel, celui de l’ingénierie climatique devant répondre au réchauffement de la planète.

Contrer le réchauffement à tous prix

« La canicule à Houston perturbait le trafic aérien. Le jet de la reine aurait certes pu atterrir, ayant rejeté dix tonnes de carburant transformé en gaz carbonique dans l’atmosphère depuis Schiphol. Une fois l’appareil ravitaillé en revanche, sa portance ne lui aurait pas permis de décoller sans danger avant que s’achève le pic de chaleur. Et ce qui allait y mettre fin était un ouragan. »

La reine des Pays-Bas, Frederika Mathilde Louise Saskia (elle préfère qu’on l’appelle Saskia), se rend au Texas à l’invitation d’un propriétaire de fast-food, T.R. Schmidt. Elle y croise des chinois, des vénitiens, tous réunis car Schmidt a l’ambition de contrer le réchauffement climatique en cours qui menace leurs pays respectifs : la submersion pour les Pays-Bas et Venise, des vagues de chaleurs de plus en plus fortes ailleurs. Son projet est simple : envoyer de grosses quantités de soufre dans l’atmosphère, sur le modèle de l’éruption du Pinatubo, pour arrêter le réchauffement. Sur le papier cela paraît séduisant et T.R commence à envoyer des fusées chargées de soufre. Pourtant, les conséquences pourraient être dramatiques…

Un résultat angoissant

Ce premier tome de Choc terminal est une réussite. Neal Stephenson prend son temps pour planter le décor et nous présenter les personnages de ce qui promet d’être autant un thriller spéculatif qu’une tragédie. Le personnage de Saskia est plutôt passionnant et Schmidt ressemble à une version texane de Frankenstein. L’intérêt du livre est aussi comment, au fond, le capitalisme propose une solution pour prolonger la société de consommation actuelle, sans changer le système. On attend avec impatience de lire le deuxième tome pour voir comment la situation va se dénouer.

Sylvain Bonnet

Neal Stephenson, Choc terminal 1, traduit de l’anglais par Benoit Domis, Albin Michel « Imaginaire », illustration de couverture d’Aurélien Police, 432 pages, 24,90 €

Laisser un commentaire