L’Or et la Pourpre à la cour de Byzance

L’historien d’un empire méconnu

L’empire Byzantin est un objet historique mal identifié, brocardé par Gibbon comme étant la caricature d’un empire romain en décadence jusqu’à la chute finale de 1453, symbolisée par la prise de Constantinople par les Ottomans. Un historien comme Michel Kaplan, professeur émérite à l’Université Paris I – Panthéon Sorbonne, a eu à cœur toute sa vie de chercheur à démontrer la vitalité politique et culturelle d’un empire universel qui a inspiré l’ensemble du monde orthodoxe, dont la Russie. Depuis sa remarquable thèse, Les hommes et la Terre, jusqu’à Pourquoi Byzance ? (Gallimard, 2016). Ici, Kaplan revient sur l’étude des usages de cour à Byzance, via l’œuvre littéraire d’un de ses empereurs, Constantin VII Porphyrogénète, Le livre des cérémonies.

Un univers codifié

Le lecteur néophyte doit comprendre que Byzance s’est vécu jusqu’à la fin comme l’empire chrétien universel. Tous les souverains étrangers se situent en-dessous de l’empereur de Byzance, héritiers des empereurs romains et ce malgré une instabilité dynastique chronique (pour un byzantin, si une usurpation réussit, c’est le signe de Dieu). Ici, Kaplan repart de la vie de Constantin VII le porphyrogénète, rejeton de la dynastie macédonienne, la première à réellement conquérir le cœur des byzantins. On découvre un rituel de cour codifié à l’extrême, tant dans son rapport aux étrangers qu’envers les aristocrates byzantins. Les dignités auliques sont en tout cas révocables à souhait, en fonction de la volonté de l’Empereur dont tout dépend. Un mot là-dessus : le césaro-papisme fut une réalité, l’empereur de Byzance commande à son église dont il peut diriger les débats, comme au moment de la crise iconoclaste.

Cet ouvrage de Michel Kaplan constitue une belle entrée pour comprendre la manière dont le pouvoir s’exerçait à Byzance.

Vivement recommandé.

Sylvain Bonnet

Michel Kaplan, L’or et la pourpre à la cour de Byzance (Xe siècle), Realia/Les Belles Lettres, janvier 2022, 256 pages, 25 eur

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