L’Université des chèvres de Christian Lax, hommage à la persévérance.

Trois années se sont écoulées depuis que Christian Lax a publié La Maternité rouge, cela nous parait long quand nous estimons son talent de narrateur. Il revient enfin avec L’Université des chèvres qui nous fait bourlinguer cette fois-ci entre plusieurs époques et civilisations. L’enseignement est au cœur de son récit, celui qui est inégal suivant les villes, les pays et inexistant pour d’autres.

Une longue lignée de défenseurs du savoir 

Vous étiez instituteur, itinérant. C’est drôle ça. Pourquoi drôle ? Parce que j’ai un aïeul qui était comme vous à parcourir les Alpes en France… 

Tout commence en 1833 dans les Alpes françaises, un messager avance contre vent et neige, passe de vallée en vallée et de village en bourgade. Cet homme brave tous les éléments et bientôt les hommes pour une mission qu’il s’est donné. Son sacerdoce n’a rien de religieux, non, c’est un instituteur itinérant. Les enfants l’attendent toujours avec une fièvre non feinte et la soif d’apprendre. Mais se lève devant lui le prêtre qui ne souhaite que leur apprendre à lire le catéchisme et ainsi les dresser vers la parole de Dieu. Cet homme providentiel qui est également un libraire ambulant se fait chasser de tous lieux. Notamment par des pères qui veulent juste des futurs fermiers et non des instruits.

Fortuné Chabert part donc, loin, très loin, il traverse l’océan pour se réfugier en Californie à l’époque de la conquête l’or. Il se tue à la tâche pour tenter de faire fortune et ne trouve que de nouveaux tourments. 

Il finira par trouver refuge au sein d’une communauté indienne isolée en haut d’un massif. Il y trouvera la paix et une femme qui lui donnera des enfants. Mais la trêve n’est jamais illimitée et Fortuné par à la recherche de son fils capturé par les Américains. Ils infligent à ces indigènes le lavage de cerveau, sauce religieuse !

Un saut de puce de nos jours nous renvoie vers une descendante de Fortuné. Arizona Florès, journaliste qui part en Afghanistan faire un reportage sur un homme de la trempe de son aïeul. Cet homme, Sanjar, d’une autre époque que Fortuné, brave les mêmes dangers pour les mêmes raisons religieuses, mais cette fois-ci l’islam. Une rencontre qui va changer leur vie à tout jamais.

La transmission, un thème si actuel

Christian Lax est investi d’une nouvelle mission. Non pas, partir à l’assaut des religions et de leur contradiction — même si le message subliminal est plus qu’apparent —, mais défendre la lecture, l’écriture et la joie de s’émerveiller en apprenant.

L’Université des chèvres est une défense de l’éducation, très inégale à travers notre planète. Et pourtant c’est le bien le plus précieux pour s’émanciper, s’évader et vivre comme on le mérite, en tout cas avec toutes les chances de réussite.

Une aventure romanesque et philosophique dessinée avec brio. Coutumier du noir et blanc ou nuances de gris comme dans Un certain Cervantès et Une Maternité rouge, cette fois-ci il ajoute de la couleur, en nuances sépia faits de jaunes léger, crème et blond. Des couleurs un peu ternes pour mieux s’atermoyer ?

Orné d’une magnifique couverture où s’exprime bien les difficultés que surmontent les différents personnages, L’Université des chèvres est un récit passionnant !

Xavier de La Verrie

Christian Lax, L’Université des chèvres, Futuropolis, janvier 2023, 152 pages, 23 euros

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