Révolution et religion: le catholicisme dans la tourmente

Approcher la Révolution par le fait religieux  

Spécialiste de la révolution française, Christine Le Bozec a enseigné à l’université de Rouen. Après des travaux sur Boissy d’Anglas, elle a notamment publié La Première République (Perrin, 2014) puis une biographie de Barras (Perrin, 2016) et enfin Les Femmes et la Révolution (Passés composés, 2019). Elle revient avec Révolution et religion sur un sujet essentiel, le lien entretenu par la Révolution et les révolutionnaires avec la religion et tout particulièrement le catholicisme.    

Un clergé divisé  

À la lecture de cet ouvrage, on prend conscience à quel point l’église catholique de France, la confession de l’immense majorité de l’époque, était divisée. Travaillée par le jansénisme et le richérisme, le catholicisme est aussi divisé entre haut et bas clergé, la noblesse accaparant les évêchés et les bénéfices qui vont avec, au grand dam de curés dont beaucoup rallieront la Révolution. Premier propriétaire terrien, institution à réformer et aussi instrument d’influence, le contrôle de l’église est un enjeu pour les révolutionnaires. Et ils vont tout faire pour s’en assurer.  

Une église malmenée  

La constitution civile du clergé et l’appropriation de ses biens par un État en crise financière entraine une crise politique entre ceux qui acceptent de prêter serment de fidélité à l’État et ceux qui refusent. Cette crise traverse toute la révolution et est un jalon qui mène à la déchristianisation brutale de l’an II… stoppée par Robespierre lui-même croyant. On voit ici à quel point les révolutionnaires ont tenté de créer d’autres cultes, comme celui de l’être suprême ou la théophilanthropie, afin de remplacer le catholicisme toujours vivace. La première séparation de l’église et de l’état ne mène à rien. Et Bonaparte, conscient que le royalisme recrute massivement parmi les croyants, va avec le concordat ramener la paix civile avec des réformes refusées juste avant la révolution. L’église de 1802 est celle dont voulait les révolutionnaires de 1789 : soumise et contrôlée par l’État et autonome par rapport à la papauté (sauf en matière théologique).  

Révolution et religion est une très bonne synthèse.      

Sylvain Bonnet  

Christine Le Bozec, Révolution et religion, Passés composés, avril 2021, 172 pages, 16 eur

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