La grande histoire du baccalauréat, un mythe français

Un auteur touche à tout

Journaliste au Point et au Figaro, Robert Colonna d’Istria est un essayiste à qui on doit des ouvrages comme Histoire de la Savoie (France-Empire, 2002) ou Le Sénat : enquête sur les hyper-privilégiés de la République (Rocher, 2008) et Une famille corse (Plon, 2018). Il vient de publier chez Plon La Grande histoire du baccalauréat, au moment où cet examen, qui donne droit à un diplôme, instauré par Napoléon et très décrié subit une profonde réforme.

Au départ conçu pour l’élite

Qu’est-ce que le baccalauréat ? Il s’inscrit dans un plan d’ensemble, conçu par Napoléon, de réorganiser l’enseignement après la tourmente révolutionnaire. Le diplôme du baccalauréat est conçu comme l’aboutissement de la scolarité des lycéens, très peu nombreux, avant le passage à l’université. Il est essentiellement oral (l’écrit du bac est instauré en 1830) et valorise des matières comme le latin, au détriment des sciences. Le XIXe siècle le maintient comme un marqueur social, celui de la bourgeoisie (même s’il y a quelques boursiers comme Jules Vallès), s’ouvrant aux femmes très lentement. Il faudra attendre la seconde moitié du XXe siècle pour qu’il se démocratise, non sans critiques.

Un diplôme dévalorisé ?

Rite social par excellence, le « bac » comme on dit a perdu cependant de sa valeur. S’il est complètement stupide de le comparer à ce qu’il fut au XIXe siècle, le niveau de l’examen, de l’avis de la majorité des professeurs, a baissé. La réforme conçue par l’actuel ministre de l’éducation, introduisant le contrôle continu (aidé en cela par la pandémie de COVID), peut-elle sauver ce diplôme ? Peut-être et l’avenir le dira. Relevons cependant pour terminer un intéressant passage du livre consacré au lycée municipal pour adultes de la ville de Paris qui permet à des adultes de préparer et de passer le fameux diplôme : une preuve que le baccalauréat fait encore rêver.

Sylvain Bonnet

Robert Colonna d’Istria, La Grande histoire du baccalauréat, Plon, mai 2021, 352  pages, 19 eur

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