Chroniques de l’Ancien Régime, la nostalgie du temps d’avant

À l’origine professeure de lettres, Simone Bertière s’est imposée comme une biographe de qualité des reines de France (actuellement en cours de réédition) et aussi du prince de Condé (éditions de Fallois, 2011), rival de Turenne. Chroniques de l’Ancien Régime rassemble des articles et des textes de conférences donnés au fil des ans.

Le monarque absolu n’exerçait pas un pouvoir sans limites

L’introduction à cet ouvrage est déjà un délice et permet de remettre quelques pendules à l’heure. Il s’agit ici de démontrer que les rois absolus n’étaient pas des dictateurs et que la monarchie avait ses lois et ses coutumes qui limitaient de fait les attributions des souverains. N’en déplaise à quelques plumitifs actuels issus des rangs de l’extrême-gauche, les rois d’Ancien Régime n’étaient pas des dictateurs totalitaires. Ce point de Simone Bertière est le bienvenu.

Des rois et des reines très humains

Au fil des chapitres on découvre des personnes au fond qui doivent composer avec le réel. Louis XIV par exemple, roi absolu par excellence, dut s’incliner face à la raison d’état et épouser Marie-Thérèse d’Autriche en renonçant à Marie Mancini. C’est la leçon de vie et de politique que lui inculqua Mazarin, son premier ministre et mentor (son père de substitution aussi) : un roi ne s’appartient pas et doit composer. Louis XIV encore, qui voit Fouquet condamné au bannissement alors qu’il espérait la mort : il apprend une fois de plus qu’il doit transiger. Et que dire d’Henri IV et de ses promesses de mariage non tenues ? Ce livre permet aussi de découvrir le déroulement de la journée des dupes qui vit Richelieu triompher de Marie de Médicis et devenir définitivement premier ministre. On finira aussi sur le drame du couple formé par Louis XVI et Marie-Antoinette.

Passionnant.

Sylvain Bonnet

Simone Bertière, Chroniques de l’Ancien Régime, Perrin, mai 2023, 432 pages, 22,50 euros

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