Le Maître, le grand jeu

Un auteur à suivre

On ne connaissait pas Claire North, récipiendaire du prix Campbell Memorial en 2015 avec Les Quinze vies d’Harry August (Delpierre, 2014) jusqu’à la parution du Serpent et du Voleur, deux premiers tomes de la trilogie de La maison des jeux publié par Le Bélial dans la collection « une heure lumière ». On y découvrait un établissement très particulier divisé entre une basse loge, où beaucoup jouent de grosses sommes à des jeux normaux, et la haute loge où tout se joue : la politique, le pouvoir, des années de vie, la mort… Avec Le serpent, nous avions fait connaissance avec Thene, jeune femme juive qui sut gagner son émancipation et sa vie dans la Venise du XVIe siècle, puis avec Le Voleur, nous avons vu comment Remy Burke réussissait à se sortir d’une Thaïlande piégée. Tous deux reçurent l’aide d’un certain Argent et c’est maintenant au tour de ce dernier de jouer.

Une partie à l’échelle de la planète

C’est l’histoire de la Maison des Jeux, où viennent s’affronter les plus glorieux, les plus anciens. Venez, rois et généraux, prêtres et empereurs, vous grands industriels et vous femmes de lettres, venez à la Maison des Jeux. Venez vous disputer la maîtrise d’une ville, la conquête d’un pays, la richesse d’une civilisation, l’histoire d’un palais, des secrets d’espions et des trésors de voleurs.

Argent, un des anciens joueurs de la Maison des Jeux, a finalement de défier la Maîtresse de jeux dans une partie à l’échelle des planètes, où toutes les ressources seront mobilisées, quitte à provoquer des meurtres, des guerres… Argent va devoir ruser, patienter, se planquer. Il compte aussi sur d’autres joueurs qui sont ses débiteurs, comme Thene ou Remy Burke. Son but est simple : devenir le Maître pour démanteler la Maison. Y arrivera-t-il ?

Un récit impeccable

Le Maître, comme les deux précédents tomes, démontre à quel point le format de la novella aide à l’efficacité narrative : l’intrigue est ramassée et servie par une narration à la première personne, rythmée par des péripéties dignes d’un roman feuilleton. Pas de fioritures, pas de descriptions trop longues, pas de monologue intérieur complaisant. Ici, seule compte l’histoire. Le Maître est une locomotive qui arrive à bon port et à l’heure (c’est rare). On ne peut que vous recommander de lire l’ensemble de la trilogie.

Sylvain Bonnet

Claire North, Le maître, traduit de l’anglais par Michel Pagel, Le Bélial « une heure lumière », illustration de couverture d’Aurélien Police, janvier 2023, 160 pages, 10,90 euros

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