Clear, la tentation du filtre
Un scénariste star
On connaît ici Scott Snyder pour son travail sur le personnage de Batman, notamment la saga La cour des hiboux, et des séries comme Undiscovered Country ou Nocterra, traduits chez nous par Delcourt. Pour Clear, il s’associe au dessinateur Francis Manapul, connu pour son travail sur la série Witchblade créée par Marc Silvestri et le défunt Michaël Turner. Le résultat est impressionnant.
Fuir la réalité
Depuis que les américains ont perdu la guerre face à la Chine et à la Russie (prémonitoire ?), ils ont créé des implants cérébraux dénommés « voiles » pour altérer la réalité. Et c’est sans limites : vous pouvez voir la réalité comme dans un film noir, comme dans les années 1980, un dessin animé, etc… il y en a que ça n’intéresse pas comme Sam Dunes, un ex flic devenu détective privé qui préfère voir le monde tel qu’il est. Lorsqu’on lui apprend que son ex-femme, Kendra, s’est suicidé, Dunes marque le coup. Une fois chez lui, il est persuadé d’avoir été suivi. Un paquet l’attend, une vieille montre envoyée par Kendra avec un message : « on m’a assassiné ». Dunes va enquêter et découvrir la réalité du monde…
Entre cyberpunk et dystopie
Clear reprend bien des thèmes issus du cyberpunk, avec les implants par exemple et se situe dans un univers futuriste violent, pluvieux (on a l’impression parfois que les planches sortent du film Blade Runner) qui l’apparentent à la dystopie. C’est aussi un récit qui explore le passé et la psyché de Sam Dunes, personnage qui n’a pas le fait le deuil du couple qu’il formait avec Kendra. Enfin, il y a ici une réflexion sur le tournant hyper-numérique que prennent nos sociétés qui ne peut laisser indifférent. Le graphisme de Francis Manapul, très « noir », joue aussi pour la réussite de l’ensemble. Lisez Clear.
Sylvain Bonnet
Scott Snyder & Francis Manapul, Clear, traduit de l’anglais par Laurent Queyssi, Delcourt, mars 2023, 160 pages, 16,95 euros