L’Aube du siècle américain, le début d’une hégémonie
L’année a vu la célébration du quatre-vingtième anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, l’occasion pour le Mémorial de Caen d’organiser une exposition intitulée L’Aube du siècle américain (1919-1944) under the red, white and blue, qui revient sur la façon dont ce pays est devenue la principale puissance mondiale, tant politiquement qu’économiquement et culturellement. Et en voici le catalogue publié par Flammarion.
Prospérité et crise
De fait, les États-Unis sortent gagnant de la Grande guerre face à une France en partie ruinée, une Grande-Bretagne affaiblie et une Allemagne vaincue. Le pays refuse cependant de ratifier le traité de Versailles et d’adhérer à la SDN, préférant garder les mains libres et s’impliquer le moins possible dans les affaires européennes. Les années vingt sont les années folles, un moment d’enrichissement incroyable, une fête permanente pour les plus riches (il suffit de lire Gatsby le magnifique) qui semble profiter à tous (sauf les paysans) … cette illusion prend fin en octobre 1929 avec le début de la grande dépression avec ses cohortes de chômeurs devant les soupes populaires. Cette crise coïncide avec le Dust Bowl dû à l’érosion des sols trop cultivés dans les grandes plaines. Les paysans perdent leur terre et errent, c’est la trame des Raisins de la colère de Steinbeck, adapté au cinéma par un John Ford très inspiré en 1940.
Derrière la lumière
La force de ce pays réside dans sa résilience. Roosevelt arrive au pouvoir, déterminé à tout essayer pour sortir de la crise. Entouré d’intellectuels et d’économistes, il lance le New Deal et rend leur confiance aux américains. C’est le moment de la construction de grands barrages, de la création de la social security, d’un état-providence qui sera en partie démantelé par Reagan et Clinton. Mais Roosevelt fait peu en faveur des afro-américains, sauf pendant la guerre où on leur garantit de travailler dans des usines de l’industrie de défense dé-ségréguées. C’est dans ces années que naissent et grandissent tous ceux qui vont débarquer en France.
Beau catalogue et certainement une exposition à voir.
Sylvain Bonnet
Clément Fabre & Kléber Arhoul, L’Aube du siècle américain, Flammarion, mai 2024, 176 pages, 22 euros