Les champs de la Shoah, l’extermination des Juifs en Union Soviétique occupée
Une historienne de la Shoah
Marie Moutier-Bitan, élève d’Edouard Husson, est l’auteure d’une thèse portant sur « L’organisation locale des fusillades des juifs sur les territoires soviétiques occupés par les nazis (1941-1944) » et d’un ouvrage intitulé Lettres de la Wehrmacht (Perrin, 2014). Pour écrire Les champs de la Shoah, elle a puisé aux sources allemandes et soviétiques et a également au recours aux témoignages des survivants. Autant dire que nous avons affaire à un travail solide, documenté. On a aussi parfois l’impression d’être dans un récit kaléidoscopique mais Marie Moutier-Bitan écrit, c’est rare pour un historien, avec clarté. Voici pour la forme, quid du fond ?
Un récit précis et circonstancié
Soyons clairs : ce livre raconte l’histoire de la shoah par balles menées par les Einsatzgruppen déployés dans le cadre de l’opération Barbarossa lancée le 22 juin 1941, prélude à l’extermination menée ensuite dans les camps de la mort. Rappelons que les nazis commencèrent par massacrer les hommes, puis femmes et enfants, par villages entiers, sous prétexte de livrer le combat final face au judéo-bolchevisme, tel que le voulait Hitler. Le massacre de Babi Yar est bien connu et bien documenté mais ce ne fut pas le seul : le phénomène se reproduisit à Kiev, Lvov et ailleurs avec la complicité d’une partie de la population locale. Au fur et à mesure de l’avancée nazie, les massacres augmentent en intensité, grâce notamment à des initiatives prises sur le terrain. Avec effroi, on finit par entrer dans la logique nazie qui conduisit au massacre de deux millions de juifs soviétiques.
Donc si vous voulez comprendre ce que fut la shoah par balles, ce livre est pour vous. Il est le fruit de recherches rigoureuses menées par une historienne de talent. Recommandé.
Sylvain Bonnet
Marie Moutier-Bitan, Les Champs de la Shoah, préface du père Patrick Desbois, Passés composés, janvier 2020, 479 pages, 24 eur