Malplaquet 1709, une défaite pleine d’espoirs
Auteur d’une synthèse sur la guerre de succession d’Espagne (Tallandier, 2020) et d’une excellente biographie du duc de Marlborough (Perrin, 2022), Clément Oury est directeur adjoint du muséum national d’histoire naturelle. Il publie ici une étude précise et détaillée de la bataille de Malplaquet, bien oubliée et pourtant décisive
Défaite tactique, victoire psychologique

La guerre de succession d’Espagne, après des débuts positifs, est en train de tourner pour un Louis XIV vieillissant. Battus à Bleinheim,(1704) et à Ramillies (1706), les troupes françaises ont reflué sur le royaume en pleine crise frumentaire et climatique. Sondés par Louis XIV, les alliés (anglais, néerlandais, impériaux) demandent des cessions de territoires et surtout que Louis XIV se retourne contre son petit-fils Philippe V, devenu roi d’Espagne. Le vieux roi refuse, organise un ultime effort financier et militaire (même la noblesse doit alors payer l’impôt) et confie sa dernière armée au maréchal de Villars. Ce dernier se porte sur la frontière du nord et affronte les deux plus grands généraux du temps, Marlborough et le prince Eugène à Malplaquet. Villars y est blessé mais l’armée française fait front, ne plie pas, je vous laisse découvrir le récit de notre historien.
Elle finit par quitter le champ de bataille, laissant ses ennemis vainqueurs mais ceux-ci ont des pertes bien supérieures. Pire, leur moral est atteint, tandis que les français se réorganisent. La victoire s’éloigne pour les alliés…
Le redressement inattendu
Car les alliés ne savent pas exploiter cette victoire à la Pyrrhus tandis que les français prennent leurs quartiers d’hiver (on fait alors rarement la guerre lors de la saison froide). De plus, les négociations sont bloquées, les conditions restant inacceptables pour Louis XIV. Conséquence notable : à Londres, la reine Anne s’éloigne de Marlborough et commence à se rapprocher des tories, favorable à une paix de compromis avec la France. Sans Malplaquet, pas de victoire de Denain. Cependant, un exercice d’histoire contrefactuelle indique qu’une victoire à Malplaquet n’aurait pas forcément été signe d’un triomphe français… en tout cas Clément Oury signe une analyse tonique et enlevée d’une bataille sanglante dont la mémoire doit être préservée.
Sylvain Bonnet
Clément Oury, Malplaquet 1709, Perrin « champs de bataille », novembre 2024, 368 pages, 25 euros