Au carrefour des étoiles, le meilleur de la science-fiction old school

Un des grands auteurs de l’âge d’or de la science-fiction  

Clifford D. Simak (1904-1988) est surtout connu pour Demain les chiens, recueil de nouvelles décrivant de façon touchante l’accession des canidés à l’intelligence et réédité ces dernières années avec une nouvelle traduction. Il fut aussi un brillant auteur de nouvelles, les meilleures ayant été reprises au Bélial dans les recueils Voisins d’ailleurs en 2009 et Frères des étoiles en 2011. Les éditions J’ai lu rééditent ici Au carrefour des étoiles, retraduit par l’excellent Pierre-Paul Durastanti, un de ses romans les plus connus qui obtint le prix Hugo en 1963.  

Un étrange mystère  

Dans un coin perdu du Wisconsin vit tranquillement Énoch Wallace. Il vit seul dans la ferme de ses parents, ne cause aucun problème. Sa particularité ? D’après une enquête des services secrets, il aurait 124 ans.  

La machine à messages siffla, suraiguë. Énoch Wallace posa le livre dans lequel il écrivait et se leva de son bureau. Traversant la pièce, il rejoignit l’appareil glapissant, pressa un bouton et enfonça une touche. Le sifflement se tut.

À la place s’éleva un bourdonnement qui gagna peu à peu en puissance, puis le message se forma, translucide, sur la plaque, avant de virer au noir pour s’afficher avec netteté. On lisait :  

N°406301 A STATION 18327. ARRIVEE VOYAGEUR À 16097.38 H. NATIF DE THUBAIN VI. AUCUN BAGAGE. CUVE N°3. SOLUTION 27. DEPART POUR STATION 12892 À 16439,16 H. CONFIRMEZ. 

L’humanité à la croisée des chemins  

Énoch Wallace a été recruté après la guerre de sécession par un extraterrestre qu’il a nommé Ulysse pour être le gardien d’une station de transit installé dans sa maison familiale. Son vieillissement est stoppé tant qu’il demeure chez lui. Au fil des années, Énoch a reçu des centaines d’extraterrestres, certains devenant même des amis. Il se tient généralement à l’écart de ses voisins mais s’inquiète des guerres continuelles qui secouent l’humanité. Quand la jeune Lucy, une sourde-muette, s’enfuit de chez elle après avoir été battue par son père, il la soigne cependant. C’est le début de ses problèmes, qui deviennent très graves quand un artefact extraterrestre est dérobé et caché sur Terre. Énoch doit le retrouver et Lucy, douée de pouvoirs extrasensoriels, va l’y aider…  

Un classique du genre  

Au carrefour des étoiles est le concentré d’une époque. On y retrouve la peur de l’anéantissement de notre espèce (le roman sort un an après la crise de Cuba), des extraterrestres plus avancés qui visitent notre planète, la peur aussi que notre « arriération » puisse les menacer. Le personnage de la jeune Lucy rappelle Les plus qu’humains de Sturgeon et va jouer un rôle crucial : c’est elle, la sourde-muette, qui va finalement aider Énoch à sauver la partie. Il y a enfin cette tonalité élégiaque et nostalgique, typique de Simak. Elle ajoute une émotion et un parfum suranné qui fait de la (re)lecture de ce roman un plaisir qu’on ne doit pas se refuser.  Lecteur qui ne connait pas Au carrefour des étoiles, tu sais ce qui te reste à faire cet été.      

Sylvain Bonnet  

Clifford D. Simak, Au carrefour des étoiles, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, J’ai lu, « nouveaux millénaires », avril 2021, 256 pages, 18 eur

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