Complainte pour ceux qui sont tombés

Premier roman d’un nouvel auteur

Complainte pour ceux qui sont tombés est le premier roman de Gavin Chait qui a semble-t-il beaucoup bourlingué en Afrique. Il a depuis publié un autre roman, Our memory like dust, l’année dernière. Complainte pour ceux qui sont tombés est « vendu » comme un roman qui se situe entre Kirinyaga de Mike Resnick et surtout L’Homme tombé du ciel de Walter Tevis (qui donna lieu à une adaptation ciné par Nicolas Roeg, récemment décédé, avec un certain David Bowie). Cela rend le critique blasé curieux : allons voir ce qu’il y a sous le capot…

L’Afrique du futur

Samara est un citoyen de la ville orbitale d’Achenia. Il s’est échappé d’une prison en orbite et son vaisseau atterrit difficilement au Nigéria. Des habitants du village d’Ewuru le découvrent :

Il émane de l’ouverture une odeur cuivrée, comme celle du sang ou du métal humide. Une odeur fraîche, curieusement épurée, qui tranche avec les miasmes de la jungle. / “Aidez-le.” / La voix provient de l’intérieur de l’engin. Dans le silence, elle résonne d’un écho métallique. »

C’est son symbiote, Symon, qui demande aux villageois de le recueillir. Samara est soigné mais récupère vite, grâce aux modifications génétiques caractéristiques des achéniens. Il était en mission diplomatique chez les américains et a dû s’échapper. Le village le croit et l’accueille. Samara est touché. La famille de Joshua l’accueille comme un des leurs. Cependant, la région est pleine de dangers, des seigneurs de la guerre se sont partagé le Nigéria. Or Samara doit gagner un ascenseur spatial encore en fonction : commence une longue aventure…

Une histoire fascinante

Complainte pour ceux qui sont tombés avance lentement, comme une rivière qui prend son temps pour couler dans son lit. À partir de la moitié du livre, on découvre un univers très proche du nôtre. L’hypothèse de ces cités orbitales dégagées de l’influence des grands Etats terrestres et désireuses d’explorer l’espace séduit (et rappelle Villes nomades de James Blish). Un mot sur les personnages : on met du temps à s’impliquer en tant que lecteur avec eux mais ils ont tous un charme certain. Samara est peint comme un grand enfant qui découvre le monde, un peu comme le candide de Voltaire ou le David Bowie de L’homme qui venait d’ailleurs (d’où la référence à Tevis) et ses relations avec son symbiote fascine. Joshua est quant à lui étonnant (je laisse le lecteur le découvrir). Cette Afrique du futur est attachante, malgré les ravages de la pollution et des guerres. Voici donc un livre qui mérite d’être découvert et apprécié, c’est beaucoup.

Sylvain Bonnet

Gavin Chait, Complainte pour ceux qui sont tombés, traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, couverture de Manchu, Le Belial, novembre 2018, 432 pages, 23 eur

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