Crésus, derrière le mythe
Docteur en histoire, professeur dans le secondaire et collaborateur scientifique de l’université de Liège, spécialiste de l’antique royaume de Lydie, Kevin Leloux publie ici chez Perrin une biographie du roi Crésus, passé dans la culture populaire avec l’expression « riche comme Crésus » (belle postérité !). Derrière le cliché, qui était Crésus ?
Un roi Lydien
Avec clarté, Kevin Leloux nous emmène à la découverte de l’Anatolie antique et du royaume de Lydie dirigé par la famille des Mermnades. Alyatte, son père, était connu en Grèce antique pour la puissance de ses armées. Rappelons que la côte anatolienne est parsemée de cités grecques fondées entre le VIIIe et le VIe siècle. Milet est la plus connue d’entre elles, directement en contact avec la Lydie. Cet état est une puissance autochtone, avec sa langue, mais est sous l’influence culturelle de la Grèce. Quant à Crésus, il doit, pour monter sur le trône à la mort de son père, éliminer son demi-frère Pantaléon. Sans difficulté majeure selon les sources.
Victime de Cyrus…
Crésus fait de la Lydie une puissance majeure de son temps, riche par son or et son argent exploités sur place et qui ruissellerait même de certaines rivières comme le Pactole (dont le nom est passé dans le langage courant). Les recherches archéologiques montrent effectivement la richesse de la Lydie, ce qui permet à Crésus de faire des dons à des temples en Grèce. Comme son père, il est vraisemblablement en bons termes avec Sparte, cité dominante de la Grèce continentale, preuve de ses talents géopolitiques. Mais il va devoir faire face à l’expansionnisme perse de Cyrus, qui prend la suite de l’Assyrie et de Babylone… En allant plus loin car en 547 avant Jésus Christ, Crésus est battu, perd Sardes et est vraisemblablement tué… mais certaines légendes faisant de lui un conseiller de Cyrus sont une preuve de sa renommée.
Une biographie réussie, vu la minceur des sources.
Sylvain Bonnet
Kevin Leloux, Crésus, Perrin, septembre 2023, 304 pages, 23 euros