Curse, la malédiction du loup-garou
Quel rapport entre une loup-garou surpuissant qui laisse des traces sanglantes sur son passage et un papa prêt à tout pour sauver son fils atteint d’une maladie ? La malédiction (« curse » en anglais) peut-elle devenir une bénédiction ? c’est tout l’intérêt de Curse, album sanglant à souhait.
Le loup-garou et le papa
Le scénario très surprenant fait un jeu égal entre aventure sanglante du monstre et la lutte du papa pour sauver son fils. Bien sûr, les deux fil vont s’entortiller, mais pas forcément comme le lecteur peut s’y attendre. Non, le grand méchant loup ne va pas manger le gentil papa ! il se peut même que ce soit le contraire…
Bien sûr, la part sanglante est omniprésente, et le rendu graphique est à ce point assez intelligent : deux dessinateurs pour se partager les ambiances (le réel au moment du récit et le réel des exploits sanglants qui sont pour ainsi dire projetés comme dans un rêve). Cette complémentarité graphique est vraiment réussie : aux couleurs vives du récit s’opposent les noirs et blancs (rehaussés de rouge…) des scènes de rage.
Un slasher de série B ?
Aux allures d’un bon récit gore, Curse n’est pourtant pas un slasher de série B, car les personnages sont bien plus fouillés et il y a une vraie volonté de dépasser les limites du genre. Le scénario donne la part belle à l’obsession du papa de sauver son fils, et du dépassement nécessaire pour comprendre que ce bain de sang qui terrorise la petite ville est sa chance : et si c’était lui qui parvenait à arrêter le monstre ? il toucherait la récompense, et pourrait sauver son fils en payant son traitement…
Même si le récit pèche par sa construction, et que les personnages — surtout le monstre — auraient pu être un peu plus longuement présentés (disons que l’album est un peu court), Curse reste un titre très agréable. L’action domine et le double traitement graphique est une vraie belle réussite.
Loïc Di Stefano
Michael Moreci et Tim Daniel (scénario), Riley Rossmo et Colin Lorimer (dessin), Curse, traduit de l’anglais par Nicolas Meylaender, Ankama, « Label 619 », août 2017, 112 pages, 14,90 euros