Dans Archangel, William Gibson et Butch Guice remontent le temps
Archangel ou quand trois grands artistes, William Gibson, Butch Guice et Tom Palmer, s’amusent avec le concept des voyages dans le temps… Ça donne un techno-thriller militaire situé dans l’Allemagne de 1945. Un récit complet malicieux et savoureux.
En 2016, la Terre est ravagée par la radioactivité. Le Séparateur est l’ultime espoir de l’humanité : cette gigantesque machine à remonter le temps doit permettre à une équipe réduite de rectifier le passé et changer le cours de l’histoire. Le vice-président Henderson doit remonter aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale et déclencher une série d’actions qui transformeront radicalement le futur. Mais un groupe de rebelles envoient eux-aussi dans le passé leur propre agent pour contrecarrer les plans d’Henderson. Une course contre la montre s’enclenche. En 1945, Naomi Givens, une agent de la Royal Air Force, est chargée d’enquêter sur un étrange crash d’avion en Russie…
William Gibson, figure de proue du mouvement cyberpunk
Archangel est avant tout le premier comics écrit par William Gibson, un des maîtres de la science-fiction contemporaine. Dans les années 70, l’écrivain est un des premiers à s’intéresser à la cybernétique et aux réalités virtuelles. Avec Neuromancien, son 1er roman dystopique, il remporte les 3 prix littéraires majeurs de la science-fiction : le prix Nebula, le prix Hugo et le prix Philip K. Dick. Son roman est un des premiers de la vague « cyberpunk ». Depuis, William Gibson a délaissé son genre de prédilection pour des récits plus réalistes, sans pour autant perdre de vue les changements technologiques et leurs conséquences sur notre société.
Un techno-thriller dans l’Allemagne post-1945
Dans Archangel, William Gibson s’attaque à une thématique classique de la science-fiction, le voyage dans le temps. Il met en scène une course contre la montre entre deux camps décidés à rectifier le présent en transformant le passé. On pense forcément à Terminator ou même l’excellent C’était demain. De toute évidence, l’écrivain ne cherche pas à révolutionner le genre. Archangel est pour lui l’occasion d’écrire un thriller militaire dans l’ambiance rétro du Berlin de 1945. Dommage à ce sujet, que l’ambiance Allemagne post-Seconde Guerre mondiale ne soit pas plus prononcée, le comicbook aurait gagné en cachet. N’attendez pas non plus d’Archangel des concepts révolutionnaires : on tient là une histoire qui n’a pas d’autre prétention que de divertir et de s’approprier les clichés du genre. Reste qu’Archangel est menée tambour battant et par moment exécuté trop rapidement. Au point que l’histoire aurait mérité d’être développée sur un plus grand nombres d’épisodes pour creuser certains éléments originaux. À noter la pirouette finale étonnante d’optimisme : on a pourtant connu William Gibson bien plus cynique.
Stéphane Le Troëdec
William Gibson (scénario), Butch Guice (dessin), Archangel, traduit de l’anglais par Philippe Touboul, Glénat Comics, avril 2018, 160 pages, 19,95 euros