Dans l’ombre des Beatles, l’âge d’or de la pop

Un grand témoin

On vient de fêter le cinquantième anniversaire de l’album Abbey Road des Beatles, un de leurs chefs d’œuvres, réédité avec pas mal de bonus inutiles. C’est l’occasion choisie par les éditions Rivages pour publier un des ouvrages de celui qui fut un de leurs attachés de presse, Derek Taylor, journaliste jusque-là cantonné à la presse écrite. Ce dernier, embauché par Brian Epstein comme il le raconte lui-même, travailla avec eux durant l’année 1964 avant d’être licencié. Il fut ensuite réengagé pour diriger le service de presse du label Apple en 1968 avant de partir en 1970, année de la séparation du groupe. On peut sans problèmes dire de lui qu’il a connu le groupe de l’intérieur.

Un kaléidoscope des 60’s

Derek Taylor ne propose pas un récit linéaire. Les anecdotes prolifèrent et on a une succession de chapitres écrits « à chaud » avec d’autres dotés d’un regard plus rétrospectif. De plus, on croise d’autres personnages qui ne sont liés aux Beatles qu’indirectement comme les Byrds ou les Doors. On peut déduire de cette approche que c’est une génération entière qui a grandi et vécu dans l’ombre des Beatles. Et c’est vrai, ils ouvrirent une brèche où d’autres talents s’engouffrèrent.

Des humains tout simplement

Derek Taylor a embrassé la cause des Beatles avec passion. Il a vécu dans leur intimité, il a fumé et pris de la drogue avec eux. Il raconte très bien comment la police britannique les surveillait et fouillait leurs maisons à la recherche de haschich (quitte à en ajouter un peu) : les stones étaient logés à la même enseigne. Les Beatles sont aussi des types marrants, des gens avec qui il aime trainer, même si Lennon est si caustique par ailleurs.

John Lennon posant la main sur Derek Taylor, avec Paul McCartney et les associés du studio Apple en 1968. Photographie © Jane Bown

Taylor raconte aussi comment le rêve s’est brisé lors du lancement d’Apple. Artistes bourrés de talent, Lennon et McCartney n’étaient pas des hommes d’affaires. L’arrivée d’Allen Klein, un businessman rusé (un « homme de sac et de cordes ») soutenu par Lennon et Harrison va précipiter la fin car il échoue à gagner le soutien de McCartney. Ah l’argent… Nos braves hippies en avaient aussi besoin.

Reste en tout cas un livre drôle, truculent, typique de cette époque : pas sûr que Derek Taylor apprécierait la nôtre…

Sylvain Bonnet

Derek Taylor, Dans l’ombre des Beatles, Carnets d’un attaché de presse dans le tourbillon rock des sixties, Rivages & Rouge, préface de Jon Savage, traduit de l’anglais par François Landon, octobre 2019, 230 pages, 20,50 eur

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