Docteur Holmes, premier tueur en série américain

Combien de femmes et d’enfants sont-ils morts dans l’antre machiavélique d’Herman Webster Mudgett, alias H. H. Holmes ? Le chiffre exact est inconnu, mais il en a admis 27, aveu sans doute dérisoire. Sa « productivité » incroyable est surtout le fait d’escroqueries multiples, autant que ses identités (au moins dix) ! Personnage très romanesque (1), suivons le grand spécialiste Stéphane Bourgoin sur les pas du Docteur Holmes !

Une admirable crapule

Holmes est le prototype du tueur crapuleux, qui élimine les témoins gênants de ses escroqueries ou quelques-unes de ses épouses (il fut aussi polygame…) sur lesquels il semble avoir un ascendant naturel. Plus que du charme, son charisme particulier, magnétique, lui permit de conquérir un nombre incroyable de maîtresses. Et certaines survécurent ! Ses victimes, quant à elles, sont dissoutes dans de l’acide, dans de la chaux, brûlées, enterrées, et leur squelette pour certains revendus à des centres universitaires. Il n’y a pas de petit profit !

C’est pendant ses études de médecine (c’est un vrai docteur, même s’il n’exerça pas) qu’il prit l’habitude de manipuler les cadavres, puis d’en voler pour ses propres expérimentations. C’est alors aussi qu’il lui vint l’idée de substituer un corps pour un autre et ainsi, usurpant identité sur identité, de toucher les primes d’assurance décès. Sa vocation était née !

La dernière escroquerie

C’est une ultime escroquerie à l’assurance qui le fera tomber. Un faux-mort, une scène d’accident mal préparée, la sagacité d’un enquêteur de la compagnie qui déterrera les cadavres uns à uns d’une famille entière qu’Holmes avait dit simplement accompagner… Un témoin qui le reconnaît à son allure sombre. Trois enfants brûlés finirent par en faire un monstre abominable pour l’éternité.

Sa résidence est aussi emblématique du personnage. Un lieu immense, présenté comme un hôtel construit pour l’exposition universelle de 1883 à Chicago, qui prit pour la postérité le sombre renom de « château des meurtres ». Des couloirs menant à des pièces aveugles où les visiteurs étaient gazés, un ingénieux système électrique pour tout contrôler, des couloirs secrets, des chambres de torture, des toboggans qui plongent dans les entrailles du bâtiment et permettent d’y faire glisser les cadavres… Une vraie maison des horreurs ! Les estimations parlent de 200 victimes de ce labyrinthe maudit…

Très largement illustrée, cette petite biographie se conclut par les écrits mêmes du tueurs (2), ce qui ajoute à l’horreur du personnage, froid, menteur, calculateur, avide et cupide. Holmes, d’ailleurs, au moment de succomber, criera son innocence, sachant qu’il sera de toute façon exécuté. Dernier pied de nez ? sursaut de conscience, lui qui n’en montra jamais ? Un personnage à glacer le sang que Stéphane Bourgoin fait vivre avec son habituelle maîtrise.

Loïc Di Stefano

Stéphane Bourgoin, Docteur Holmes, French Pulp, serial killer #1, mai 2019, 138 pages, 16 eur


(1) Leonardo DiCaprio l’incarnera dans The Devil in the white city, sous la direction de Martin Scorsese. La série est annoncée pour 2019.

(2) On retrouvera l’intégralité du témoignage écrit par Holmes dans un autre ouvrage de Stéphane Bourgoin, Moi, serial killer.

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