Napoléon, le dernier romain: le grand homme et l’antiquité

Historien émérite

Ancien élève de l’école normale supérieure, professeur à la Sorbonne, Jacques Olivier Boudon a consacré sa vie de chercheur à l’époque napoléonienne et aux questions religieuses en particulier. Cela ne l’a pas empêché de toucher un plus large public avec Le Plancher de Joachim. Il revient à Napoléon auquel il consacre un essai assez original où il aborde la relation de l’empereur à l’antiquité et à sa culture.  

Un homme nourri par l’antiquité

On découvre avec ce livre un Napoléon pétri de culture antique, ou plutôt devrait-on dire qu’on le redécouvre. L’affaiblissement de l’enseignement du grec et du latin en France entraîne une méconnaissance de la culture classique dont tous les révolutionnaires étaient pétris. Napoléon n’y déroge pas :  il a lu et relu Plutarque et Tite-Live et dès la campagne d’Italie il prend soir de comparer ses exploits militaires à ceux de César et des grands généraux romains comme Scipion (n’est-il pas aussi sur leurs terres ?).

Plus tard, il se mesurera à Justinien en promulguant le code civil, comparé au code Justinien édicté au Vie siècle. Bustes et peintures où Napoléon est costumé à l’antique abondent. Et on pourrait aussi aborder l’héroïsation de ses compagnons décédés, tel Lannes ou Desaix, où son œuvre d’évergète et de constructeur, à la romaine une fois de plus.

Accéder à l’immortalité

Suivant ce livre, même l’exil à Sainte-Hélène se fait sur un modèle antique (et ne se compare-t-il à l’athénien Thémistocle en se livrant aux anglais ?). Napoléon dicte ses mémoires, une nouvelle voie pour transcender la mort, lui qui n’a pas réussi à transmettre son trône à son fils. C’est une nouvelle fois César qui est convoqué (il relit ses commentaires d’ailleurs) et il réussit à se façonner un personnage prométhéen qui va séduire et fasciner une génération romantique qui lui était a priori hostile. Et lorsque ses cendres sont rapatriés en 1840, c’est un véritable triomphe, à la romaine bien sûr.

Romain, Napoléon ? En tout cas, il s’est servi de toutes ces références avec brio pour asseoir sa légitimité, comme le montre cet essai.      

Sylvain Bonnet

Jacques-Olivier Boudon, Napoléon, le dernier romain, les belles lettres, avril 2021, 168 pages, 19 €

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