Dragman, entre inspiration underground et thriller graphique
L’humour britannique décapant est à l’honneur dans Dragman de Steven Appleby, un super héros comme vous n’en avez jamais vu, ni en roman, ni au cinéma. En tout cas bien loin de ceux d’Hollywood et nous pouvons même parler d’une certaine satire du genre, évidemment transgenre !
Est-ce un avion ? Est-ce un oiseau ? Non, c’est Dragman
Quand j’étais petit, je regardais ma mère s’habiller. Elle me laissait attacher ses jarretelles. Je pensais qu’un jour quand je serais grand, j’attacherais les miennes.
Dragman n’est autre qu’un homme qui a toujours voulu être une fille. A l’adolescence, en essayant un bas de sa mère, il se rend compte qu’en se travestissant il a le pouvoir de voler. Il deviendra un super héros.
A Londres à cette époque les hommes et les femmes peuvent vendre leur âme pour de l’argent. La publicité leur promet qu’ils n’auront plus de soucis. Mais en vérité un Homme sans âme n’est plus rien, n’a plus d’idées, plus d’envies et devient méchants avec ses proches.
Dragman vit comme Superman, son identité réelle est inconnue, même de sa propre femme. Le soir, il abandonne ses habits, ses pouvoirs, et se cache de tous. Jusqu’au jour où sa voisine le démasque et le fait chanter…
Loufoque en tous points
Prenez votre plus belle cape pour suivre les aventures désopilantes de Dragman. Vous découvrirez qu’il n’est pas le seul héros dans la ville, qui abrite une quantité d’autres personnages avec chacun son caractère et son pouvoir. Voir le futur, le passé, arrêter les balles ou se transformer en animal… ils ont tous un surnom et se retrouvent dans un lieu secret où ils boivent des coups, s’habillent et se disputent.
Dragman est un sacré pavé de plus de 300 pages, format de plus en plus coutumier pour les romans graphiques. Mais la narration est fluide et on se délecte de ces rocambolesques histoires. Le découpage est très varié, on part de planches conventionnelles en 9 bandes à des planches verticales ou en pleine page. Bien évidemment le cadrage joue des situations des super héros tant aérienne que sur la terre ferme.
Le style quant à lui est très proche du dessin de presse, ce qui est normal étant donné que l’auteur est un habitué du genre dans de très nombreux périodiques anglais. Il est soit monochrome soit coloré façon patchwork afin d’offrir des nuances assez enfantines.
En tout cas, un nouvel ovni inclassable dans les romans graphiques que Posy Simmonds a qualifié de « brillamment dessiné » et qui a remporté le Prix spécial du jury au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.
Xavier de la Verrie
Steven Appleby, Dragman, Denoël graphic, septembre 2020, 336 pages, 24,90 eur