Du thé pour les fantômes, du fantastique intime

Jeune écrivaine

On a connu Chris Vuklisevic avec Derniers jours d’un monde oublié (Gallimard, 2021) qui remporta le prix Elkabin en 2021 tout en étant finaliste du prix Rosny aîné. Du thé pour les fantômes constitue donc son deuxième roman, publié cette fois-ci dans la prestigieuse collection « Lunes d’encre » chez Denoël.

Deux sœurs unies par une certaine magie, malgré elles

« Carmine, la femme du berger, aurait dû accoucher il y a plus d’un mois. Ce jour-là, son mari est mort. Comme ça, d’un coup, écroulé face contre table en plein dîner. Les deux petites qui croissent à l’intérieur de Carmine ont dû le sentir parce que, depuis, elles refusent de sortir, et son ventre n’en finit plus de s’étendre. Elle ne peut même plus se lever sans tomber de l’avant, alourdie par le poids des créatures qui la parasitent. »

Voici l’histoire de deux sœurs que tout sépare. L’une se dénomme Agonie. Elle est sorcière et sa mère la détestait. L’autre s’appelle Félicité, la préférée de la maman, et est passeuse de fantômes. Le silence dure depuis trente ans entre ces deux femmes qu’opposent leurs souvenirs d’enfance et le personnage écrasant de leur mère, Carmine… jusqu’au jour où sa mort brutale les réunit, bien malgré elles. Après avoir enterré son corps, il s’agit de s’occuper du spectre de Carmine, qui demeure introuvable. Les deux sœurs entreprennent de lire ses notes, de reconstituer sa vie. Carmine avait bien des secrets sur sa (longue) vie, ses parents… et même une fille cachée. Agonie et Félicité vont aller de surprise en surprise…

Un roman à la mèche lente

Quand on débute la lecture de ce roman, on est un peu décontenancé. On découvre petit à petit l’histoire de ces deux sœurs et de leur mère, dans une ambiance de magie. Et le rythme est lent. Cependant, Chris Vuklisevic nous amène au fur et à mesure sur des terrains où on ne s’attendait pas à aller. Au final, c’est une véritable saga familiale de magiciennes, connectées à des réalités qui échappent au commun des mortels, qui se dévoile à nous. Du thé pour les fantômes plaira à bien des amateurs de littérature de l’imaginaire (et aussi de thé, chut).

Sylvain Bonnet

Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes, Illustration de couverture de Cécilia Roux, Denoël « Lunes d’encre », mai 2023, 448 pages, 22 €

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