Revolver, flic story

Du journalisme au polar en passant par les comics

Ancien journaliste, Duane Swierczynski est l’auteur d’ouvrages déjà paru chez Rivages, comme Canari en 2017, et également scénariste de comics chez Marvel sur des séries comme Batman, Iron fist ou X-men. Il est aussi le co-créateur avec Anthony Zuiker de la série de romans policiers Level 26, initiée sur le net, qui a remporté un certain succès. Paru aux États-Unis en 2016, Revolver se veut une plongée dans l’histoire plutôt mouvementée d’une famille de flics de Philadelphie.

Trois générations de flics

Revolver est construit sur des vas-et vient temporels entre trois époques : d’abord l’année1965, au moment de l’assassinat de Stan Walczak et de son collègue George Wildey ; 1995 ensuite, où son fils Jim, hanté par l’assassinat de son père, enquête sur le meurtre d’une jeune femme ; 2015 enfin qui voit Audrey, sa petit fille vouloir rouvrir l’enquête sur le meurtre de Stan pour boucler ses études de médecine légale. Audrey, fille adoptée, est l’enfant terrible de la famille :

Elle n’a pas vu son père, dit le Captain, depuis plus de trois ans. D’après la rumeur, il a rasé sa barbe parce qu’elle était devenue grise. Ce qui doit être bizarre — elle ne l’a jamais vu glabre. Enfin. Avec ou sans barbe, il est très certainement resté le même vieux connard renfrogné.

Audrey veut donc découvrir qui a tué son grand-père, ce qui provoque des remous car Jim, dit le Captain, a vingt ans plus tôt retrouvé le principal suspect, qui est mort dans des circonstances étranges. Et si le Captain l’avait tué ? Va bientôt se demander Audrey. Plus elle avance, plus elle en découvre sur sa famille et ses origines, disons bien différentes de ce qu’elle croyait…

Un polar efficace

Sans être très original, Revolver fonctionne bien grâce à cette construction temporelle qui attire l’œil du lecteur. Les trois personnages — Stan, Jim, Audrey — intéressent aussi. La description de la police de Philadelphie entre 1965 et 2015 est assez saisissante, entre racisme, chantage des politiques, épuisement aussi des flics (l’itinéraire de Jim est assez éloquent).

On peut regretter un dénouement un peu « chargé » d’un point de vue dramatique mais cela n’enlève rien à la réussite de l’ensemble. Les amateurs de polar apprécieront à sa juste valeur ce roman assez sombre.

Sylvain Bonnet

Duane Swierczynski, Revolver, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, Rivages « noir », janvier 2020, 336 pages, 23 eur

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