Les jaloux, la grande littérature américaine

Un des meilleurs écrivains américains

James Lee Burke est certainement l’auteur le plus intense du roman noir américain. On le connaît en France pour sa série autour du détective cajun Dave Robicheaux et notons que Bertrand Tavernier a tiré d’un de ses romans un de ses meilleurs films, Dans la brume électrique. Burke a aussi tissé au fil des ans un autre cycle autour de la famille Holland, entre Louisiane et Texas, dix-neuvième et vingtième siècle et Les jaloux s’y rattache.

La brume des années cinquante

« Il y eut une époque de ma vie où, sans savoir pourquoi, je m’éveillais chaque matin envahi par la peur et l’anxiété. Pour moi, la peur était un fait acquis dont je tenais compte au cours de ma journée, comme un gravillon qui ne quitte jamais votre soulier. Rétrospectivement, un adulte pourrait appeler ça une forme de courage. Si tel est le cas ce n’était pas très drôle. »

Nous voici à Houston en 1952, en plein boom du pétrole. Issu d’une famille plutôt aisée, Aaron Holland Broussard est un ado de sa génération, fan de blues et de belles voitures. Et il n’a qu’un seul ami, Saber, battu régulièrement par son père alcoolique (le père d’Aaron boit aussi mais ne cède jamais à la violence). Un soir, Aaron prend la voiture de son père pour aller à Galveston pour voir la mer. Il entend un couple se disputer et intervient. Le jeune homme, il le connaît, c’est Grady Harrelson, rejeton d’une des familles les plus riches du Texas. Ils manquent d’en venir aux mains. Mais le plus important est la fille, Valerie Epstein. Aaron tombe amoureux d’elle et c’est bientôt partagé. Le problème est qu’en se mettant à dos Grady, Aaron va avoir pas mal d’ennuis, se retrouver temporairement en taule. Et les Harrelson sont liés à la mafia…

L’amour et la mort

Il y a beaucoup de choses dans Les jaloux. D’abord le portrait d’une Amérique des années cinquante, celle du Sud et du pétrole qui a fait rêver (regardez Géant ou Écrit sur du vent, souvenez-vous de Dallas) mais qui secrétait sa part de cauchemar et de meurtres. Il y a aussi l’histoire de ces Holland, famille étrange marquée aussi par la violence et l’alcool, Burke prend des fois des accents de Zola pour la décrire. Il y a enfin cette histoire d’amour entre Aaron et Valerie qui impressionne le lecteur par sa pureté et sa justesse, le contraire d’une bluette cher lecteur. Il faut lire Les jaloux et ne jamais oublier ce livre.

Sylvain Bonnet

James Lee Burke, Les jaloux, traduit de l’anglais par Christophe Mercier, Rivages, juin 2023, 432 pages, 24 euros

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